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27 May 2007

Citoyens du monde

 

A propos de la Serbie… et de tous les pays du monde !

 

La dernière carte publiée sur le blog (« La répartition ethnique des Albanais ») vient de susciter un commentaire intéressant dont voici le contenu :

 

« Faux: les kosovars sont serbes. Il y a eu une immigration massive d'albanais, ainsi qu'une natalité très importante chez ces immigrés.
Le guerre du Kosovo, le terrorisme de l'UCK, soutenu par l'Union Européenne ont fait fuir les populations serbes de leur territoire. C'est au Kosovo qu'est situé le lieu de la bataille du Chant des merles, haut fait militaire serbe.

Le Kosovo est serbe et doit le rester!
 »

 

Je voudrais vous faire part à présent de ce que l’on trouve sur la page « Serbie » de Wikipedia dans les toutes premières lignes de l’article :

« Arrivés dans les Balkans dès la fin du Ve siècle,(c’est moi qui souligne) en provenance de diverses régions des actuelles Pologne, Russie et Ukraine, les Slaves se partagèrent les restes des Empires romains d'Orient et d'Occident : les provinces de Dalmatie, Pannonie, Mésie et Thrace.

Les Slaves migrèrent en masse dans les Balkans jusqu'en Grèce, où ils furent présents jusqu'au XIIe siècle. Les toponymes balkaniques traduisent cette présence générale des Balkans par les Slaves, puisqu'on en trouve aussi en Roumanie, en Albanie et en Grèce.

Les Serbes furent, avec les Croates, parmi les dernières tribus slaves à s'installer dans la péninsule balkanique, à l'invitation de l'empereur byzantin Héraclius, en lutte avec les Avars. Un Royaume serbe est fondé au IXe siècle mais se disloque dès la fin du XIIe siècle. »

 

Donc si j’adopte la logique du commentaire relaté plus haut, j’en déduis que les habitants actuels de la Serbie ne sont pas Serbes car le territoire actuel n’était pas peuplé de Serbes avant le Vè siècle !

Et que dire de la Voïvodine (province autonome de la Serbie actuelle qui compte plus de 25 groupes ethniques différents et six langues officielles) qui ne fût pas de tout temps serbe ?

Et que dire également de l’Albanie, de l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine (Macédoine actuelle) et de tout le nord de la Grèce qui, vers 1350, se trouvaient sous la domination de l’Empire serbe ? Ces derniers sont-ils Serbes ou pas ? 

 

Une certaine idée de l’Homme
 

Avec une telle logique, on comprendra que personne n’arrive à se mettre d’accord car, un jour passé, il y a toujours eu une réalité qui peut venir contredire celle du présent. N’oublions pas qu’une très grande majorité de conflits dans l’histoire et encore dans le monde actuel naissent de cette vision de l’identité et de la possession territoriale terrestre qui lui est accolée. Une vision qui est le fruit, comme toute les identités, d’une construction. Mais une construction qui n’est jamais achevée, ni jamais fixée une fois pour toute. Cette construction de l’identité peut prendre un nouveau chemin et notamment s’insérer dans celui de la DEMOCRATIE et des DROITS DE L’HOMME.

 

Dans une démocratie, on s’adresse à une population de CITOYENS avant de s’adresser à des Français, Slovaques, protestants, musulmans, végétariens, violoniste, rappeurs, fan de Chantal Goya ou encore de Zidane, etc. Et c’est justement ce principe qui rend la démocratie universelle. Dire qu’elle est le meilleur des systèmes est faux ! Dire qu’elle représente le moins pire, comme le disait Churchill est faux également. Tenir de tels propos ne peut qu’affaiblir la démocratie. Ce qu’il faut dire c’est que cette dernière représente avant toutes choses UN CHOIX ! Le choix d’UNE CERTAINE IDÉE DE L’HOMME et UN CHOIX DE SOCIÉTÉ, UN CHOIX DE VIVRE ENSEMBLE !

L’auteur de ce blog ainsi que Yves, mon partenaire de voyage, ne cherchons pas à trouver la vérité ou à faire la promotion du meilleur des systèmes politiques. Nous ne faisons que promouvoir les idées et les valeurs précédemment citées. Ces idées et ces valeurs sont défendues au sein de la démocratie et par le respect des Droits de l’Homme (reste que, bien sûr, la démocratie ne suffit pas, elle n’est qu’un préalable. Idem des Droits de l’homme qui, comme la démocratie, sont avant tout une culture à acquérir, qu’un système politique et institutionnel à mettre en place… large débat).

Une petite histoire de l’humanité
 

De par ma formation d’historien j’ai tendance à voir les choses humaines dans le long terme et ce qui me parle avant tout c’est la très longue ancienneté de l’humanité. L’Homo sapiens a un âge d'environ 200 000 ans et je ne pense pas qu’on puisse sérieusement se demander si ce dernier était chinois, finlandais, boliviens ou nigérien ! L’histoire de l’Homme est longue et celle des nations est bien courte. Cette dernière n’a que plus de 200 ans, soit 1000 fois plus jeune que celle de notre ancêtre Homo sapiens. Rien ne dit que cette construction humaine, cette idée, cette organisation sociétale ne survive jusqu’à la fin des temps ! Ernest Renan lui-même, référence incontournable de la théorie nationale en France, est l’un des premiers à avoir dit que les nations n’étaient pas éternelles et qu’elles seraient probablement remplacées un jour par l’Europe !

Et puis l’Homme, comparé à la Terre et à l’Univers, qu’est-il vraiment ? Je vous fais part d’un calcul intéressant. Imaginons qu’il se soit écoulé un an depuis la création de notre planète Terre. Cette dernière serait donc née le premier janvier. La vie sur terre est alors apparue en novembre. La période des dinosaures a débuté le 12 décembre pour se terminer le 25 du même mois (soit 165 millions d’années) et, enfin, l’Homme est apparu le 31 décembre, un peu après 20 heures…

De ce point de vue il peut paraître encore étrange de considérer quelques centenaires comme l’éternité ou encore de penser qu’un quelconque groupe humain peut avoir plus de droits qu’un autre sur une terre parce qu’il y a résidé (de son point de vue, bien sûr) pendant X années ou centenaires, voir même millénaires.

La construction européenne, conséquence de l’idée démocratique et des Droits de l’homme.
 

Alors si, comme moi, vous êtes avant tout attaché à une certaine idée de l’Homme, à une certaine idée du vivre ensemble, des idées défendues par la démocratie et les Droits de l’Homme, il y a de grandes chances que vous soyez attaché à la construction européenne (je n’ai pas dit ici que tout ce que faisait l’Union européenne était génial ! C’est une construction à mon sens tout à fait inachevée et qui se trouve dans un bien mauvais état justement à cause de son inachèvement qui ne lui permet pas d’avoir les moyens de ses ambitions). La démocratie ne nie pas les identités particulières, au contraire, elle permet à chacune d’entres elles de s’épanouir au contact des autres et donc de la différence. La Lorraine ne va pas demander, demain, à quitter la France si cette dernière à des problèmes ou éprouvent des difficultés. Pourquoi faudrait-il quitter l’Union européenne ou, de manière plus large, le monde, en invoquant la « non-réalité » ou la « non-crédibilité » de ces derniers ? Ce n’est pas en se réfugiant derrière des murs ou dans son « ethnie » qu’on réussit à régler des problèmes qui sont d’une toute autre ampleur.

Personnellement, avant de voir des Danois, des Libyens, des Panaméens ou encore des Indonésiens, je vois avant tout des Etres humains. Certes ceux-ci sont tous différents et tant mieux. Cela n’enlève rien au fait que nous ne pouvons faire autrement que de vivre ensemble sur notre petite planète et qu’il faut bien trouver un moyen de régler nos différends et les problèmes que nous avons tous à affronter. On peut choisir de régler nos différends de manière guerrière ou pacifique. Je choisis la voie pacifique ! On peut choisir de régler nos problèmes chacun dans son coin ou essayer de les régler tous ensemble. Je choisis d’essayer ensemble par soucis d’efficacité ! Ces deux choix sont toujours les plus difficiles. Ils demandent de la patience, de l’humilité et le fait d’accepter que l’on n’ait pas toujours raison… défi hautement difficile pour les Etres humains qui sont le plus souvent pétris d’une fierté et d’une mauvaise foi à toute épreuve.

 

Faire face aux défis de l’avenir
 

Aujourd’hui, il est bien inutile de préciser que les défis auxquelles doit faire face l’humanité sont immenses, que chacun de nous est concerné et qu’aucun pays sur cette planète ne peut prétendre les régler seul dans son coin.

Ce qui nous attend est un « virage global » [1], un changement d’échelle, un challenge très largement conceptualisé dans une foule impressionnante de livres, rapports, études et revues en tout genre.

Pour faire face au siècle à venir, il va falloir faire des choix et on peut se demander si l’humanité choisira le plus difficile, celui de la démocratie, des Droits de l’homme et de la paix, soit la facilité, et donc le replis sur soi, l’égoïsme et le chaos.

 

Ce que défend la construction européenne c’est une certaine idée de l’Homme et de l’humanité, du vivre ensemble et de la gestion des problèmes auxquelles nous avons à faire face. Cette idée de l’homme ne peut être défendue par la seule Union européenne. C’est la raison pour laquelle cette dernière ne peut être qu’un membre d’une communauté plus large de protagonistes qui participent tous, à l’échelle mondiale, à la gestion démocratique des affaires du monde.

 

C’est l’idée que défend le fédéralisme, un monde géré de manière démocratique et qui permette la fin de la guerre de tous contre tous, qu’il s’agisse des individus comme des nations. Substituer à la gestion violente des conflits une gestion démocratique de ceux-ci.

C’est l’idée que défend le projet de la construction européenne. La question n’est pas de savoir si cela est possible ou pas, mais plutôt de savoir si l’on tient à s’engager pour ce projet. Car c’est un projet, une volonté, et voilà pourquoi elle est la voie la plus difficile. C’est une voie qui n’est pas naturelle à l’Homme, tout comme la démocratie et les Droits de l’Homme. Se replier sur soi ou sur son ethnie est un renoncement, UN CHOIX ! Militer pour la démocratie et une idée de l’homme n’est pas s’engager pour la vérité ou pour le bien, c’est s’engager sur une voie, c’est CHOISIR une certaine idée de l’homme.

L’action de chacun d’entre nous est importante mais beaucoup se demandent comment agir ?

 

Citoyens du monde
 

Il y a des gestes simples, qui donnent l’exemple et font avancer les choses dans la direction que nous choisissons.

Une idée ? Et si vous deveniez, demain, Citoyen du monde ? Non, ce n’est pas une blague ! Vous pouvez recevoir votre carte d’identité de Citoyen du monde. Il suffit d’en faire la demande. J’ai moi-même ma carte depuis presque deux ans :-)

Voici le site Internet : http://citmonde.free.fr/

 

Je termine par deux petites citations bien connues mais toujours aussi efficaces du très illustre Victor Hugo :

 

« Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action. »

« La première phase du possible, c’est d’être impossible. »

 

Et pour éviter de me faire taxer de franco-français, j’ajoute quelques citations du sublime poète et écrivains argentin Jorge Luis Borges :

 

- « L’idée de frontières et de nations me paraît absurde. »

- « La seule chose qui peut nous sauver est d’être des citoyens du monde. »

- « Regarde bien les drapeaux, les douanes, les militaires, les curés, car tout cela va disparaître et tu pourras raconter à tes enfants que tu l’as vu. »

Bien à vous,

Michel

 

[1] Ervin Laszlo, "Virage global: l'effonfrement de notre monde est-il inévitable?", les éditions de l'Homme, 2002. 

11:50 Posted in ANALYSES | Permalink | Comments (0)

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