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30 October 2006

Gijlan - Prizren

Mardi 25 avril 2006

 

Aujourd’hui nous allons à nouveau réaliser une intervention et Stève nous emmène jusqu’à l’établissement scolaire. C’est une école très simple où l’on se fait accueillir par un enseignant bien vivant et fort sympathique, qui parle un bon français. Nous réalisons notre intervention devant une quinzaine de jeunes très motivés. Malheureusement il fautmedium_P1040745.JPG rendre la salle rapidement mais le très beau temps nous permet de terminer notre discussion dehors, dans l’herbe. Ils nous parlent, comme d’habitude, des mêmes problèmes, surtout de la corruption et de l’égoïsme des gens. On apprend aussi qu’il y a 2000 élèves dans l’école alors qu’elle n’est vraiment pas grande. En fait les jeunes tournent, une partie a cours le matin, l’autre l’après-midi et les cours ne durent que trente minutes pour que tous puissent bénéficier de l’enseignement scolaire. Mais, vous l’aurez compris, les conditions sont loin d’être optimales ! Nous finirons par aller boire un verre dans un bar avec trois enseignants et trois élèves. On nous offre les cigarettes, comme d’habitude, et notre enseignant « bon vivant » n’en finit pas de nous raconter des blagues les unes après les autres. Fou rire garantis ! On discute aussi de la guerre. Cet enseignant s’est fait brûlé sa maison… comme beaucoup d'autres ! Nous avons une bonne discussion, notamment avec le jeune en face de moi. Les mêmes sujets, toujours, « la chance il faut la chercher », « on est manipulable lorsqu’on est pas informé », etc. Mais déjà nous devons partir et nous quittons nos amis pour la ville de Prizren.

 

Nous arrivons à destination vers les 17h. Une fois de plus une immense base militaire. Ici il semble que ce soit des Allemands et des Autrichiens. Décidément le Kosovo ressemble à une  base militaire géante! Impossible, bien évidemment, de trouver une place dans la ville et nous nous garons sur un parking payant. En fait Prizren et plutôt jolie, étonnement fournie en mosquée, dont la plus grande est sans doute la plus belle que j’ai vu depuis le début du voyage. On recroise un convoi militaire allemand et nous allons prendre une pizza sur la place principale où il y a un spectacle de danse traditionnelle. Enfin, nous appelons notre enseignant de français sur place. Bonne nouvelle : il n’est pas là et l’intervention du lendemain est annulée !!! Génial ! Nous essayons de joindre Paul Chambry : impossible ! Finalement, les nerfs à vif (car les ratés organisationnels de notre ami Paul nous on fait liquider notre forfait téléphonique de 46 euro en deux jours) nous décidons de partir pour Pejë où Reuf, l’enseignant de français qui s’y trouve, nous dit qu’il peut nous recevoir.

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On the road again ! Nous arrivons à la tombée de la nuit. Après la galère obligée pour se retrouver, nous sommes très bien accueillis dans la grande maison de Réuf, avec sa femme, sa fille de 12 ans et sa mère de 86 ans. Cette dernière ne nous posera qu’une seule question : « êtes vous mariés ? » (en albanais, bien sûr). Le fait qu’on ne le soit pas et surtout l’explication des mœurs françaises à ce sujet ne semble pas lui convenir… Yves me glisse dans l’oreille que sa grand-mère polonaise aurais eu exactement la même réaction !

 

Michel 

 

 

29 October 2006

Livre Kosovo.

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Un livre de Jean-Arnault Dérens

Préface de Marek-Antoni Nowicki, ancien médiateur pour les droits de la personne du Kosovo.

Un ouvrage de 380 pages, 24 euros

 


Le Kosovo est-il serbe ou albanais ? Voici les historiens convoqués, chacun devant justifier des revendications aussi exclusives et partiales les unes que les autres. Aux droits « démographiques » de la majorité albanaise, on oppose ainsi les droits « historiques » des Serbes, en évoquant le royaume médiéval des Nemanjic, quitte à ce que d’autres polémistes évoquent aussitôt les ancêtres illyriens des Albanais, pour porter l’estocade finale... Si la géographie sert, d’abord, à faire la guerre, selon la formule bien connue d’Yves Lacoste, l’histoire servirait-elle, d’abord, à justifier les guerres ? Que va devenir le Kosovo ? En 2006, l’ONU doit décider de son statut « final ». Un accord imposé « d’en-haut », peut-il satisfaire les deux parties ? Une nouvelle guerre couve-t-elle dans les Balkans ? 

Jean-Arnault Dérens, historien et journaliste, rédacteur en chef du Courrier des Balkans, essaie de répondre avec prudence et objectivité à ces questions. 

Histoire, bilan de la guerre et du protectorat international, perspectives pour l’avenir : le livre le plus complet sur le Kosovo.

 

« Depuis un siècle au moins, le Kosovo est le théâtre de la confrontation de deux nationalismes, qui survalorise ce territoire, perçu comme un espace fondateur, comme le « berceau » de la nation. La « neutralité » est une utopie, un point d’équilibre impossible à atteindre dans une étude historique, sociale, politique ou géographique, probablement parce que ce point n’existe pas. Il est cependant essentiel de prendre la mesure des surinvestissements idéologiques qui s’entrecroisent au Kosovo, d’en tenir pleinement compte pour essayer de dégager des éléments fiables de compréhension.

Le Kosovo est le lieu où s’entrechoquent plusieurs vérités. À la vérité des Albanais, s’oppose celle des Serbes. Trop souvent, les observateurs étrangers, quand bien même ils sont de bonne foi, ont tendance à reprendre à leur compte l’une de ces vérités contradictoires, souvent celle de leurs interlocuteurs privilégiés. J’ai essayé de ne pas rester bloqué dans cette ornière, et mon regard sur les réalités du Kosovo a beaucoup évolué au fil du temps. Je reconnais et j’assume en tout cas la part de subjectivité inhérente à une étude du caractère de celle que je voulais mener.

Il faudrait notamment reconnaître, à l’instar de l’anthropologue Geer Duijzings, que le Kosovo est un espace carrefour, où ont longtemps cohabité différents peuples, où se sont rencontrées les principales religions pratiquées dans les Balkans, et où se sont parlées de nombreuses langues. Il faut également comprendre que le Kosovo était et est toujours un espace périphérique, « une périphérie de la périphérie européenne », un espace « du tiers-monde », comme le notait Michel Roux »... (Extrait de l’introduction).

 

Source: http://balkans.courriers.info/

 

 

11:20 Posted in LIVRES | Permalink | Comments (1)

28 October 2006

KFOR (Kosovo Force)

 
La répartition des troupes de la KFOR au Kosovo 
 
 
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Source:
 
 
Pour plus de renseignements, voir le site officiel de la KFOR: http://www.nato.int/kfor/
 

10:38 Posted in Cartes - Maps | Permalink | Comments (0)

27 October 2006

Gnjilane (Gjilan en albanais)

Lundi 24 avril 2006 (suite)

 

medium_P1040681.2.JPGEnfin nous filons vers Gnjilane. Nous passons à nouveau devant l’immense base américaine avec en prime un petit défilé d’hélicoptères, des UH60 BlackHawk... c’est comme à la télé !

 

 

Nous arrivons à destination et, bien entendu, impossible de trouver une place dans le centre ville. Nous atterrissons dans une station service en face d’une base militaire fermée. Nous téléphonons au professeur rencontré à Pristina pendant la réunion qui est censé nous accueillir. Mais ce dernier habite dans une autre ville à 30km… bravo l’organisation ! Du coup il nous donne le numéro de Stève qui est sur place. Mais c’est un mauvais numéro ! Nous appelons alors Paul Chambry de Pristina qui nous donne le bon. Cette mauvaise organisation nous coûte très cher en téléphone !!!

 

Stève passe nous prendre 15 minutes plus tard et nous le suivons. Il est en taxi avec son ami Jean Yves et ils ont rendez vous dans une sorte de grand restaurant tout à fait inattendu. Tout en bois, flambant neuf, à l’écart du centre ville, une sorte d’oasis de richesse où les clients ne semblent pas avoir de problème financier. Nous y mangeons avec Yves pour 11 euros seulement (pour le « pays » c’est énorme, bien entendu) en attendant que Stève est terminé son rendez-vous. Devant nous, une longue table réunie une trentaine d’hommes en costumes cravates. Je donnerais cher pour connaître les occupations de tout ce beau monde. Enfin nous repartons avec nos deux hôtes dans notre camionnette.

 

Stève connaît bien la population locale et nous dégote une place parfaite juste devant l’hôtel principal et à côté de la station d’arrêt des taxis. Il prévient les chauffeurs que nous sommes ses amis. Ainsi nous sommes assurés qu’ils se chargeront de surveiller notre camionnette. Parfait !

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Avant d’aller nous coucher nous aurons une petite discussion plus qu’intéressante avec Stève et Jean-Yves sur la terrasse de leur appartement. Stève me raconte notamment la situation au Kosovo depuis 1995. D’après lui, les Kosovars organisaient depuis plusieurs années une résistance pacifique contre les Serbes. Mais après la suppression de l’autonomie en 1998 (si je me souviens bien), par Milosevic, les Kosovars ont tout recrée de manière clandestine (écoles, clinique, docteur, gouvernement, etc). Il y a eu une solidarité immense et une association pouvait compter 7000 membres, ce qui est énorme pour la taille du Kosovo (deux millions d’habitants). Or, avec le temps, les gens se sont fatigués. Certains ont jugé qu’il fallait radicaliser le mouvement et c’est comme cela qu’est née l’UCK (l’armée de libération du Kosovo).

La guerre de 1999 et l’intervention de l’OTAN furent un « succès médiatique » immense qui a eu pour principal effet un véritable « rush » d’ONG, d’organisations internationales et de fonds au Kosovo. Les « internationaux » ont afflué de partout : 40000 KFOR (armée de l’OTAN sur place) et on ne sait combien de personnel international. Des milliers d’ONG avec des sommes d’argent astronomiques. Il y avait des embouteillages de véhicules de la KFOR de Ferizaj à Gnjilane et des embouteillages d’internationaux de Ferizaj à Pristina, soit sur une longueur qui représente presque la moitié du « pays ». Ainsi, au début de l’intervention de l’ONU, à Pristina, il y avait un international pour quatre habitants.

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   (Cette photo n'est pas de nous. Elle se trouve sur la couverture du livre "Kosovo/Kosova")

Mais, d’après Stève, les internationaux ont cassé le mouvement citoyen. En effet, ils pensaient tout apprendre aux gens sur place, alors que ces derniers avaient organisé une société parallèle pendant plusieurs années. Ils ont renvoyé les gens qui étaient actifs pour former des jeunes au management. Les sommes disponibles passaient, en effet, de 600 euros par mois, voir moins, à des milliers, voir des millions d’euros. Mais quand les internationaux sont partis, et l’argent avec eux, les jeunes ont lâché leur travail et pendant ce temps là, les autres, ceux qu’ont avait mis de côté, se sont reconvertis.

 

No comment !

 

Michel

25 October 2006

Urozevac (Ferizaj en albanais)

Lundi 24 avril 2006

 

Après le petit déjeuner à l’hôtel, Faton et son ami viennent nous chercher. Direction leur association où une trentaine de jeunes nous attendent. C’est une intervention classique et ces derniers sont plutôt bien conscient de la notion de citoyenneté active. Nous parlerons, entre autres, des nombreux problèmes pour réaliser cet investissement à cause de la situation au Kosovo. Par exemple, l’une des jeunes vit dans une famille de huit enfants et son père gagne seulement 40 euros par mois. Il lui dit qu’elle ferait mieux de travailler plutôt que « d’aller jouer à la volontaire ». En tout cas, ils sont très enthousiastes suite à notre intervention.

 

medium_P1040627.JPGL’un d’entre eux se charge de nous emmener faire le tour de la ville. Encore plus que dans les autres, ici, se fait sentir cette impression de « désordre ordonné » très oriental. Petite originalité « touristique » de la ville : l’église orthodoxe joue des coudes avec la mosquée sur l’une des places principales de la ville. Impressionnant ! Décidément la mixité culturelle est d’une visibilité parfois déconcertante. Nous prenons un verre à la terrasse d’un bar et nous branchons notre jeune ami sur la question féminine. En effet, nous sommes toujours autant impressionnés par la mode vestimentaire « sulfureuse » des jeunes femmes, comme dans le reste des pays d’ex-Yougoslavie que nous avons visité. Nous abordons rapidement la question sexuelle. Nous avons droit à un discours qui, chez nous, se verrait qualifié de rétrograde : « une fille ne peut pas avoir beaucoup de relations sinon c’est mauvais pour sa morale », « elle peut être une victime, car l’homme peut la tromper sur ses intentions (c'est-à-dire avoir une aventure avec elle sans se marier) », « cela peut être un prétexte au suicide de la jeune fille. Aujourd’hui moins, mais après la guerre cela arrivait fréquemment »... Effrayant ! Par contre, il nous dit que les hommes ont le droit d’avoir plusieurs fois des rapports et qu’il se rend bien compte que c’est une « vieille façon de penser ». Je lui réponds que je ne pense pas forcément que cela soit une vieille façon de penser, mais je pense avant tout que ce n’est pas juste pour les femmes. Il est d’accord et il se dit prêt à vouloir changer cela. Mais le problème est qu’ici il faut affronter les parents et les grands-parents avec qui on est obligé de vivre car on ne trouve pas de travail et il est presque impossible de se construire une maison. Donc tout cela n’est pas si facile !

Il nous raconte aussi son histoire personnelle pendant la guerre. Lui n’est pas parti dans un autre pays, seulement troismedium_P1040638.JPG semaines dans les montagnes où les conditions de vie étaient très difficiles. Un jour, son père est parti pour la ville ; Notre ami entendit alors retentir des coups de feu au loin. Il a attendu  sur la route pendant des heures et lorsqu’il a vu revenir son père, ce fut le plus beau moment de sa vie. Leur maison a été détruite, comme presque toutes les personnes que nous rencontrons. Bien sûr, juste après la guerre, il ne fallait pas lui parler des Serbes. Mais maintenant ça va mieux ! Il se souvient notamment d’un camp de vacances qu’il a fait en Slovénie où il y avait des Serbes. Au début il était très anxieux. En fait, cela c’est si bien passé qu’au jour du départ, ils ont tous pleuré dans les bras des uns et des autres.

 

medium_P1040642.JPGPuis c’est le passage chez le coiffeur. Ambiance boîte de nuit, avec seulement des coiffeurs masculins super fashion et très jeunes. On nous coupe les cheveux à tous les deux Nos coiffeurs sont très enthousiastes. Ils aiment parler avec nous et nous demandent plein de choses. Pour eux c’est important de voir que des étrangers s’intéressent à eux. On pose pour la photo ! A deux euros la coupe, je leur laisse un billet de cinq euros.

 

 

Enfin, rendez-vous avec Faton à 17h à l’association. Nous le suivons cette fois dans l’atelier d’un peintre. Très intéressant ! L’homme respire la sérénité et la gentillesse. Pendant la guerre, il est parti en Allemagne pendant cinq mois et ne désirait qu’une chose, revenir au plus vite dans son atelier. A son retour, la plupart de ses toiles avaient disparu et beaucoup ont été endommagé.

 

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Encore une journée marathon fort riche ! Mais déjà il nous faut quitter nos nouveaux amis car nous sommes attendus à Gnjilane (Gjilan en albanais).

 

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