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20 July 2006

Belgrade

Du 10 au 20 avril 2006



medium_P1030670.2.JPGNous resterons une dizaine de jours dans la capitale serbe. Trois jeunes nous offrent l’hospitalité : Igor, membre des Jeunes Européens de Serbie, Sania et Rado. Ils habitent tous les trois dans un appartement d’une cinquantaine de mètres carré. Sania est la seule à avoir une chambre et les deux garçons dorment dans le salon. Malgré le manque de place, ils ont accepté de nous recevoir tous les trois car, pour la deuxième fois pendant ce voyage, Florence vient nous rejoindre. Voilà des jeunes d’une rare hospitalité et il faut avouer que nous avons passé un excellent séjour avec eux, l’un des meilleurs de ce voyage.

Nous ne serons pas gâté par le temps car pendant ces dix jours il pleuvra presque sans interruption. D’ailleurs, comme dans les autres pays d’Europe centrale, le Danube est sorti de son lit et nous passerons plusieurs fois avec notre camionnette par des routes inondées. L’une d’entre elles, largement recouverte d’eau, fera beaucoup de victimes parmi les voitures qui s’y sont aventurées. Je ne compte plus les pauvres véhicules au moteur fumant qui jonchaient le bord des routes !

La ville s’avère plus jolie que nous ne le pensions. Certes, ce n’est ni Prague ni Budapest, mais il y a tout de même pas mal de choses sympathiques. Mais ce n’est pas l’avis de Le Corbusier, qui, d’après Igor, aurait dit que Belgrade « était la pire des villes au meilleur des endroits ». A voir le style Corbusier, chacun interprètera cette phrase comme il l’entend ! Mais il est vrai que l’emplacement de la ville est stratégique. Elle se trouve au confluent du Danube et de la Sava, en quelque sorte, au point de passage entre les Balkans et l’Europe centrale. Vous pouvez en avoir un remarquable aperçu en vous baladant du côté de la citadelle de Kalemagdan qui surplombe le fameux confluent. De ce fait, Belgrade est une ville qui fût continuellement détruite et reconstruite. C’est une histoire qui semble lui coller à la peau, jusqu’à récemment, puisque la ville a subis les bombardements de l’OTAN en 1999. Et les bâtiments bombardés sont toujours en ruine ; par exemple, le Ministère de l’armement, en plein centre ville, composés de deux bâtimentsmedium_P1030551.JPG jumeaux de part et d’autre d’une artère principale. On constate aisément, d’un simple regard, que cette destruction n’est le fruit que de quelques bombes ou missiles. Ces derniers étaient donc des modèles dévastateurs (missiles Tomahawk ou bombe guidée laser de 1000kg pour les connaisseurs). La présence de Florence confirme mon ressenti (voir article de Vukovar) quant à la différence entre « voir » un paysage de ruines en photographie et « voir » ce même paysage en réalité. Bien qu’elle ait vu toutes les photos de Vukovar et de Mostar, qui représentent des destructions bien plus impressionnantes que celle de Belgrade, elle reste néanmoins sans voix et profondément troublée en face de la carcasse du Ministère de l’armement. « Ca n’a vraiment rien à voir avec les photos…et les livres d’histoire ! » me confiera-t-elle !

Nous aurons aussi la chance de visiter le mausolée de Tito, le fameux général qui avait réussi à gouverner la fédération yougoslave sous un régime communiste plutôt « soft » durant lequel les tensions nationalistes étaient très faibles. Il est impressionnant de voir combien cet homme continue de faire l’unanimité chez les personnes que nous rencontrons. Tous regrettent la société plus égalitaire, sans chômage et sans haines nationalistes qui existait sous son règne.

medium_P1030520.JPGEnfin, autre particularité touristique, la grande église orthodoxe en pleine construction, la plus grande de tous les Balkans. C’est toujours impressionnant pour nous de voir des églises en construction. En France, même si l’on parle beaucoup de regain religieux, nous n’en sommes pas encore à reconstruire des églises. Mais dans les pays que nous traversons, il n’est pas rare de voir des chantiers d’églises. Celui-ci est sans aucun doute le plus impressionnant que nous ayons vu.

En dehors du « tourisme de guerre » et du « tourisme religieux », un troisième « tourisme » commence à prendre de plus en plus d’ampleur, celui de la pauvreté.
Lorsque nous rentrons dans Belgrade en venant de l’autoroute de l’ouest, juste avant de traverser le Danube, nous sommes confrontés pour la première fois à des bidonvilles. Et d’une taille impressionnante ! En face même de l’immeuble de nos amis, il y a quelques maisonnettes construites de bric et de broc sur une petite colline recouverte d’ordures. Le moyen de transport de ces gens, les fameux « gitans » ou « gypses » en anglais, se trouve au pied de notre immeuble et consiste en un cheval accroché à un arbre et d’une charrette. Vision étrange que celle de ces embarcations d’un autre temps au beau milieu d’une capitale, parmi la circulation des voitures et des autobus ! Certes, nous avons déjà croisé quelques charrettes depuis le début du voyage, mais jamais au beau milieu des grandes villes ! Quant aux sollicitations, elles sont ici beaucoup plus nombreuses, les personnes démunies beaucoup plus visibles.

Nous apprenons également, au cours de nos discussions avec nos amis, qu’un serbe gagne en moyenne 150 à 200 euro par mois. C’est le genre de choses que nous savions. Mais que le coût de la vie soit si élevé, là c’est une surprise ! Certes, c’est en général beaucoup moins cher qu’en France, mais pas vraiment pour tout et même pas du tout pour certaines choses. Ne parlons pas du prix des appartements, ou encore de celui de l’essence ! C’est tout simplement incompréhensible. L’essence coûte exactement le même prix qu’en France, quelque soit le pays que nous avons traversé. Donc un plein de diesel coûte 50 euro ! Comment font ces gens pour vivre alors qu’il y a des voitures partout lorsqu’on gagne 150 euro par mois ? Pour nos amis, qui sont tous les trois étudiants, pas d’alternatives, ils ont tous les trois un job. Sania travaille dans une librairie et Rado dans un bar comme serveur. Il gagne un peu plus de 100 euro pour plus de 60 heures de travail par jour. Et ici, inutile de chercher les aides de l’Etat très longtemps. Certes, elles existent, mais nous ne sommes pas en France, c’est clair !

Néanmoins, les difficultés mises à part, notre séjour restera marqué par une excellente ambiance, légère et joyeuse. medium_P1040158.2.JPGDiscussions enrichissantes, éclats de rire, sorties, cuisines, même la petite fête de mon anniversaire, furent les ingrédients de cette petite collocation d’une dizaine de jours entre trois Français et trois Serbes. Un excellent souvenir et de nouveaux liens d’amitiés… européens !

Michel






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