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21 January 2007

Livre, Europe

 

PENSER L’EUROPE

 

Edgar Morin

 

 

Voici un livre essentiel, incontournable, à lire pour toute personne qui cherche à comprendre et faire comprendre l’Europe. Tout à fait remarquable, d’autant plus que ce livre a été écrit juste avant la chute du mur de Berlin et de l’U.R.S.S. et qu’il nous dit tout ce qu’il y a à savoir pour comprendre ce qui va se passer et… ce qui se passe aujourd’hui.

 

Pour ceux qui connaissent Edgar Morin, ce livre s’inscrit tout à fait dans sa ligne de réflexion habituelle qui cherche à faire comprendre la complexité. Pour lui l’Europe n’est autre qu’un « complexe » qui échappe immanquablement à toute tentative de définition arbitraire. A cet effet, il retrace à grands traits toute l’histoire du continent sous le signe du principe « dialogique ». Ce dernier tente de faire comprendre que les influences sont toujours multiples et jamais seulement prédominantes. Par exemple, si le christianisme a très fortement influencé l’Europe, il n’en reste pas moins que l’Europe a très fortement influencée le christianisme. Vous l’aurez compris, c’est un principe que l’on peut appliquer même dans sa vie quotidienne.

 

 

medium_Penser_lEurope.jpgCe que l’auteur cherche à prouver dans ce livre c’est qu’il est inutile de penser trouver un principe fédérateur, un quelconque « esprit européen », que nous pourrions brandir comme preuve de la nécessaire union du continent. L’Europe est une addition de principes contraires et inconciliables, c’est une notion floue en perpétuelle recomposition.

 

 

 

Je ne m’étendrais pas davantage car le livre est très dense et, de mon point de vue, difficile à résumer. Au contraire, c’est un livre particulièrement pertinent qu’il faut lire de la première à la dernière page. Plus qu’une certaine vision de l’Europe, on approche une certaine manière de penser, et pas seulement pour le cadre européen.

 

 

De ce point de vue, je ne saurais trop vous conseiller les autres livres de cet auteur très prolifique, qui, en plus d’avoir très bien cerné les problématiques de notre temps, tente d’y trouver des réponses (voir ces nombreux travaux sur la Pensée complexe et l’Education planétaire).

 

Seul petit point négatif : il est vrai que la lecture du livre est quelque fois un peu compliquée par un langage trop « intellectuel », dans un sens trop conceptuel et jargonneux.

 

 

 

Mais cela n’enlève rien au fait que pour ce qui est de l’Europe, ce livre est pour moi l’un de ceux qui donne les meilleurs outils de compréhension et d’action. Plus qu’à méditer, à lire absolument !

 

Citation :

 

« Ce qui est important dans la culture européenne, ce ne sont pas seulement les idées maîtresses (christianisme, humanisme, raison, science), ce sont ces idées et leurs contraires. Le génie européen n’est pas seulement dans la pluralité et dans le changement, il est dans le dialogue des pluralités qui produit le changement. Il n’est pas dans la production du nouveau en tant que tel, il est dans l’antagonisme de l’ancien et du nouveau (le nouveau pour le nouveau se dégrade en mode, superficialité, snobisme et conformisme). […]»

 

« Le discrédit de l’Humanisme favorise à la fois le nihilisme et le retour de la religion multimillénaire, qui se régénère sans cesse dans l’effondrement des mythes et religions laïques. Mais, surtout, l’effondrement de l’Humanisme anthropocentrique et sur-naturel ouvre une énorme béance où surgissent les questions primordiales. Quid de l’homme ? Quel est cet être naturel/culturel ? Quelle est sa situation dans le monde ? Qu’est-ce que son esprit ? Sa liberté ? Sa raison ? Peut-on éviter de donner valeur à l’Homme ? Peut-on éviter un mythe et une religion de l’homme ? Ne serait-ce pas alors régresser dans l’ancien Humanisme ?

Ici, je ne peux qu’esquisser mon propre point de vue, exposé ailleurs : il est possible de définir scientifiquement les notions de sujet et d’autonomie, non pas dans la souveraineté des philosophies de l’Esprit ou de l’Ego, mais dans la dépendance par rapport à leurs conditions d’émergence. D’autre part, nous ne pouvons purger nos vies de toute valeur, de tout mythe et de toute foi, et nous ne pouvons purger l’idée d’homme de toute valeur, de tout mythe, de toute foi. Mais nous ne pouvons plus fonder nos valeurs, nos mythes, notre foi en Dieu, en Raison, en Evidence suprême. Il s’agit de réélire consciemment nos valeurs, d’ouvrir un dialogue avec nos propres mythes, de reconnaître dans notre Foi un Pari et non la certitude absolue. C’est dire qu’un autre humanisme, héritier de l’humanisme originaire, est possible. C’est dire que la dialogique doit se poursuivre, par de nouveaux moyens et sur de nouveaux terrains… »

 

 Michel

 

Source photo: http://www.amazon.fr

12:35 Posted in LIVRES | Permalink | Comments (0)

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