Ok

By continuing your visit to this site, you accept the use of cookies. These ensure the smooth running of our services. Learn more.

04 March 2006

Analyse Slovaquie

 

 

SLOVAQUIE

 

 

Notre séjour de 18 jours en Slovaquie fut remarquablement complet. Trois grandes villes (Bratislava, Banska Bystrica et Kosice), 14 interventions dans les écoles et 7 familles qui nous ont offert l’hospitalité.

 


     

    Bratislava

 

Arrivés à Bratislava le 12 janvier, en fin d’après-midi, nous dormirons le premier soir dans notre camionnette. Mais dès le lendemain, et jusqu’à la fin de notre séjour en Slovaquie, nous bénéficierons de l’hospitalité des élèves devant lesquels nous intervenons ou de celle de lecteurs français présent dans les lycées bilingues.

En effet, tous les professeurs qui nous reçoivent font preuve d’une rare gentillesse et se font un devoir de nous trouver des élèves prêts à nous héberger. Nous en sommes d’autant plus satisfaits que nous échapperons ainsi à la terrible vague de froid venu de Sibérie qui a fait descendre les températures en dessous des -20°. De ma vie je n’ai pas souvenir d’avoir eu aussi froid !

 

 

    Une inoubliable hospitalité

 

En logeant dans ces familles nous réalisons le « voyage humain » auquel nous aspirons. Par exemple, à Bratislava, nous logerons dans la famille d’Aléna, dans un petit village, Most pri Bratislava (le pont avant Bratislava) à une dizaine de kilomètres de la capitale.

Le week-end, nous rendrons visite, tour à tour, à ses quatre grands parents. Seront présent également des oncles et tantes et les parents d’Aléna. Par deux fois nous aurons plus de trois heures de discussion.

        

 

            Apprendre au contact d'autrui...

 

Nous voulons tout savoir. Ont-ils encore des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale ? Quel était leur travail ? Quels souvenirs gardent-t-ils de leurs années passées ? Comment ont-ils vécu les événements de 1989, lors de la chute du communisme ? Ceux de 1993, lors de la séparation de la Tchécoslovaquie ? Que pensent-ils de l’adhésion à l’Union européenne ? Se sentent-ils Slovaques, Européens ?

Nous récolterons une foule d’informations et parmi elles certaines seront inattendues. Durant nos deux interviews, avec ces trois générations réunies, le cliché des temps infâmes du communisme tombe. D’ailleurs pour les quatre grands parents « c’était mieux avant ! ». Les parents d’Aléna n’iront pas jusque là, mais il est très clair que les temps présents sont chargés de nouveaux problèmes qui n’existaient pas avant.

Nous les interrogeons sur 1989. Qu’ont-ils éprouvé à ce moment là ? Nous répéterons une bonne dizaine de fois la question, en l’expliquant sous tous les angles possibles, pour finalement constater l’évidence : ils n’ont absolument RIEN ressenti. Ni joie, ni tristesse, ni espoir... Tout juste savaient-ils ce qui se passait. Une seule chose les inquiétaient : qu’allait-il se passer maintenant ? Et qu’allons nous faire sans les Russes ?

 

          ... d'autres points de vue!


Nous sommes bluffés ! Pour nous Européens de l’ouest (dans les pays que nous avons traversés on nous appellent aussi les « Occidentaux »), il est tellement évident que la chute du Mur de Berlin, qui entraîne dans son sillage celle du communisme, est une grande victoire de l’humanité, de la démocratie sur la tyrannie. Pour eux, ils ont avant tout perdu beaucoup de sécurité. Ils se fichent pas mal de la démocratie, ce n’est qu’une autre forme de gouvernement.

Nous leur parlons de l’idéal européen d’union entre les peuples. On nous répond que l’URSS avait le même idéal, mais ils conviennent que cela ne se fait pas de la même manière... Ouf !

Il n’empêche, aujourd’hui il y a énormément de chômage, des inégalités beaucoup trop importantes, scandaleuses, les possibilités théoriques de faire beaucoup de choses, sauf que la nouvelle tyrannie de l’argent empêche cette possibilité de se réaliser pour la majorité.

Enfin nous terminons sur la séparation de 1993. Verdict ? « Ce sont deux imbéciles de politiciens qui ont décidé cela ! ». Apparemment les Slovaques ne voulaient pas franchement cette séparation, en tout cas pas ceux que nous avons rencontrés.


Nous constatons une fois de plus le décalage fréquent entre théoriciens intellectuels et les attentes du « monde réel ». Des repères identitaires, ne pas subir la domination d’une autre culture ou d’un autre pays, une certaine égalité entre les hommes et de quoi vivre décemment, dans une certaine stabilité, en SECURITE, voilà ce que semble avant tout rechercher les êtres humains. Le bon système est celui qui saura assurer ces priorités.

 

 

    Les défis qui attendent l’Union européenne

 

Et ce n’est pas ce que fait l’Union européenne aujourd’hui, même si, dans les livres et dans la réalité, c’est une réalisation humaine fantastique que j’affectionne particulièrement. Mais il ne faut pas confondre théorie et réalité.

L’Union européenne peine à se forger une identité, faute de quoi elle favorise le repli identitaire. Elle donne l’impression de ne pas jouer son rôle en ce qui concerne la protection du citoyen mais plutôt de défaire les règles établies et de se plier au diktat de l’économie mondiale, ce qui est tout de même en partie la vérité. Les inégalités n’ont jamais été aussi grandes et l’instabilité mêlée de précarité est toujours plus importante.

Bref, dans ces conditions, les demandes de stabilité et de sécurité minimale ne sont pas remplies. Et faute de projet clair et cohérent, le futur est incertain, il fait peur, il facilite le repli sur soi, l’individualisme et le nationalisme.

Il ne faut donc pas s’étonner que l’Union européenne ne réussisse pas à faire chavirer le cœur des Européens. Ces populations qui ont fait tant d’efforts pour devenir des « membres officiels » sont aigries, déçues. Pourtant une touche positive subsiste : tous nous disent que « plus tard, puisque nous faisons parti de l’Union européenne, ce sera mieux ! ». Il faudra prendre garde à ne pas décevoir ce dernier espoir !

 

 

    Un rapport complexe au voisin tchèque

 

Les interventions que nous réalisons semblent toujours, pour la majorité d’entre elles, beaucoup plaire aux lycéens comme aux professeurs que nous rencontrons.

Nous n’apprendrons rien de particulier si ce n’est l’attraction majeure qu’exerce sur eux aussi la ville de Prague pour aller y étudier. Rien ne les distingue fondamentalement de leurs voisins Tchèques desquels, d’ailleurs, ils se sentent encore très proches.

Une élève nous avouera même qu’elle se sent « tchécoslovaque » entraînant l’indignation bruyante de ses camarades de classe. Nous leur demandons immédiatement « pourquoi une telle réaction ? » Vous l’aurez deviné, personne ne sera capable de nous répondre !


    La brûlante question magyare


 

Au sujet des problématiques identitaires, il faut évoquer la « question hongroise ». Sur une population de 5 millions d’habitants, la Slovaquie compte une minorité de 600 000 hongrois, pour la grande majorité d’entre eux localisés dans le sud du pays.

Il faut savoir que la Slovaquie a toujours été une partie de la Hongrie jusqu’au démantèlement de cette dernière après la première guerre mondiale et le fameux « Traité de Trianon ». L’histoire de ce petit pays est donc très récente et le rapport avec les Hongrois difficile, en particulier avec la minorité qui vit dans le pays.

Nous n’avons pas senti de réelle haine à leur encontre mais une certaine animosité. Les Slovaques nous ont souvent fait part des droits trop élevés, à leurs yeux, dont bénéficient la minorité hongroise. Ces derniers deviendraient même parfois discriminants à l’encontre des Slovaques, toujours selon eux.

Quant au grand-père d’Aléna il nous avouera qu’il n’aime pas les Hongrois, mais il a l’intelligence d’ajouter que c’est normal car il a toujours appris, à l’école, que les Hongrois ont dominé les Slovaques pendant 1000 ans. Quoi qu’il en soit, les rapports entre ces deux nationalités restent tendus !

 

 

    L’explosive question tzigane


 

Enfin nous terminerons par la « question tzigane ». Celle-ci est réellement explosive ! Même si nous ne l’avons pas ressenti directement, les nombreux témoignages de nos amis lecteurs rencontrés dans le lycée bilingue de Kosice semblent confirmer que le racisme à l’encontre des tziganes reste omniprésent, normal, même parmi les plus jeunes. La « question tzigane » concerne plusieurs millions d’individus, 5 millions me semble-t-il, présent avant tout en Slovaquie, Hongrie et Roumanie. Nous pourrons y revenir prochainement.


 

Reste que notre séjour fut donc, néanmoins, très complet, ponctué d’excellents souvenirs (voir les notes « Bratislava », « Banska Bystrica » et « Kosice » dans la rubrique « Où sommes nous ? » de notre blog). Mais, une fois de plus, 18 jours restent bien peu de chose pour se faire une idée précise du pays. Nous repartons néanmoins très satisfaits de tous ces visages, ces familles, ces discussions, ces villes et ces interventions dans les écoles, dont regorge notre boîte à souvenir.

 

 

PIERPAOLI Michel

michelpierpaoli@yahoo.fr

 

 

 

 

LA SLOVAQUIE, EN BREF:

 

medium_800px-Europe_location_SVK.png

 

Son nom :

« Slovensko » (i.e. : la Slovaquie) est le « Pays des Slovaques », peuple slave.
N.B. : Le terme générique « slave » viendrait (étymologie contestée qui n’a aucune véritable base scientifique sérieuse...) de « slovo » (i.e. : « langage, mot »). Il s’agit là d’un terme ethnocentrique par lequel les peuples en question se désignent effectivement.
Considérant là que ceux qui parlent d’« autres langues » ont, à leurs yeux, des langages complètement incompréhensibles (et ne « sauraient » donc pas vraiment parler...).

 

Superficie :

49 035 km².

 

Drapeau :

medium_800px-Flag_of_Slovakia.svg.pngLe drapeau national de la Slovaquie est un drapeau tricolore horizontal « bleu, blanc, rouge » rappelant les couleurs panslaves du XIXe siècle.
Un drapeau frappé d’un écu : y figure, sur fond rouge, la double croix (patriarcale) argentée de Hongrie surmontant une représentation stylisée des trois grandes montagnes du pays (Mts Tatras, Nitra et Fratra).

 

Hymne national :

« Nad tatrou sa blyska » (i.e. : « Au-dessus des monts Tatras, brille l’éclair ») : chant de la révolte slovaque de 1848, contre les Hongrois (un texte du poète Janko Matuska, élève de l’érudit Ljudovit Stur, sur un air folklorique populaire).
Un hymne adopté, en 1918, en tant que seconde partie de l’hymne national tchécoslovaque (texte confirmé, en 1993, en tant qu’hymne national slovaque).

 

Fête nationale :

En Slovaquie on commémore les 1er janvier (jour de l’indépendance, acquise en 1993), les 1er septembre (jour de la Constitution, de 1992) et tous les 29 août (anniversaire du soulèvement national slovaque de 1944, contre l’occupation nazie).

 

Capitale :

La capitale de la Slovaquie est la ville de Bratislava (i.e. : « la ville du Roi Brétislav ») : un nom récent en fait recréé de toute pièce (puisque ne datant, en fait, que de 1919...).
Auparavant (avant 1919) cette ville était anciennement appelée Presporok (en slovaque), Poszony (en magyar) ou Presbourg (en allemand) et fut la capitale du Royaume de Hongrie de 1526 à 1783 (Nb : Y ont d’ailleurs été couronnés onze rois et sept reines de Hongrie).
N.B. : La ville de Bratislava (voir illustrations retenues, ci-dessus) compte, aujourd’hui, entre 450 000 et 500 000 habitants.

 

Principales grandes villes :

Banska Bystrica, Kosice, Martin, Nitra, Poprad, Presov, Trencin, Trnava, Zilina.

 

Population :

La Slovaquie compte aujourd’hui près de 5,4 millions d’habitants dont 85% de Slovaques, 10,5% de Magyars (ou Hongrois), 01,5 à 03% de Tziganes (Roms).

 

Langues parlées :

Le slovaque (langue officielle, obligatoire dans l’administration depuis une loi de novembre 1995).
Avec de nombreuses minorités hongroises (magyarophones), tziganes (rom), tchèques, moraves, ruthènes, ukrainiennes, germanophones, polonaises.

 

Religions principales :

Catholicisme (de 50 à 60%), Protestantisme (entre 05 et 20%), Uniates (03,5% : Chrétiens de rite oriental « gréco-byzantin » mais reconnaissant l’autorité spirituelle et morale du Pape de Rome), Orthodoxie (0,5%).

 

Adhésion à l’Union :

Pays candidat à l’adhésion à partir de juin 1995, reconnu en tant que tel par les pays de l’Union à partir de février 2000, la Slovaquie entre dans l’Union européenne le 1er mai 2004 (comme prévu par le traité de Nice de décembre 2000).

 

Formalités de séjour :

Pour séjourner en Slovaquie, tout ressortissant d’un pays de l’Union doit se munir de ses pièces d’identité (carte d’identité ou passeport en cours de validité).

 

Régime politique :

La République de Slovaquie est une République parlementaire.
Le chef de l’État (président de la République), élu au suffrage universel pour cinq ans, nomme le premier ministre en fonction du résultat des élections législatives au « Conseil national », (chambre unique aux pouvoirs étendus de 150 députés élus pour quatre ans).
Nb : Les prochaines élections législatives slovaques -scrutin anticipé devant initialement avoir lieu en septembre 2006- auront finalement lieu en juin 2006.
S’il est alors très probable que le parti populiste d’opposition « Smer - Démocratie sociale » remporte ce prochain scrutin (puisque profitant du mécontentement des citoyens vis-à-vis des actuelles réformes libérales du gouvernement de coalition...) il est en revanche beaucoup moins sûr qu’il puisse cependant vraiment former un gouvernement majoritaire.

 

Actuel président de la République :

Ivan Gasparovic.

 

Actuel (premier ministre) :

Mikulas Dzurinda (chef de l’actuelle majorité parlementaire).

 

Monnaie :

la Couronne slovaque (SK) (1SK = 100 haleru).
N.B. : la Slovaquie projette de rejoindre la zone euro en janvier 2009.

 

Économie :

L’économie de la Slovaquie a longtemps pâti de son image de pays aux industries lourdes non performantes, non compétitives et sans débouchés, génératrices d’un fort taux de chômage. Or cela est précisément en train de changer.
La croissance économique de l’économie slovaque est aujourd’hui bonne (croissance du PIB : +5,5%) et se raffermit, dopée par l’intérêt des investisseurs par la faiblesse des coûts de main d’oeuvre et par le cycle de privatisations actuellement en cours.
Néanmoins, la Slovaquie est aujourd’hui la partie la moins développée de l’ancienne Tchécoslovaquie (et l’un des pays les plus pauvres de la nouvelle Union à 25), avec un PNB de seulement 1 900 euros (à comparer avec les 2 730 euros de PNB pour la République tchèque voisine, et les 23 660 euros pour la France).

 

Un peu d’Histoire :

medium_477px-Slovakia_Coat_of_Arms.png

 

 

 

 

 

 

 

 

Les armoiries de Slovaquie

C’est probablement sur l’actuel territoire de la Slovaquie que ce sont produits deux événements importants pour l’histoire des peuples slaves : la création d’un tout premier état slave indépendant (la « grande Moravie », aux VIIIe et IXe siècle) et le début de leur évangélisation (par des moines orthodoxes venus de Constantinople : Cyrille et Méthode).
Après avoir passés environ 1000 ans sous la domination hongroise (à partir de 907) puis dans le cadre de l’Empire des Habsbourg (à partir de 1526), la Slovaquie (alors « haute Hongrie ») accédait - en 1918 - à une ’’autonomie supérieure’’ dans le cadre de la nouvelle République tchécoslovaque.
Une république de Tchécoslovaquie bientôt fédérale (1969) dont elle forme alors l’une des composantes. Mais non sans exprimer, souvent, quelques velléités indépendantistes (comme dans les années 1930 et à l’occasion de la seconde guerre mondiale).
Une république de Tchécoslovaquie dont elle se séparera donc en 1993 : lors du fameux « divorce de velours », alors pacifiquement négocié avec la Tchéquie (ou République tchèque).

 

Personnages célèbres :

Le Roi Svatopluk (Fondateur du royaume médiéval de « Grande Moravie », il règne au IXe siècle), le « héros » national Janosik (Bandit d’honneur et « Robin des bois » slovaque aux temps modernes, au XVIIIème siècle),
Les érudits Ljudovit Stur, Jan Kollar, Pavel Jozef Safarik (dont l’Université de Kosice porte le nom) et l’abbé Anton Bernolak (codificateurs de la langue slovaque, au XIXe siècle),
Milan Stefanik (patriote slovaque, héros de la « grande guerre » et co-fondateur de la Tchécoslovaquie), l’ abbé Hlinka (Leader politique slovaque - national-populiste - de l’entre-deux-guerres), Mgr Josef Tiso (Dictateur clérical, allié aux nazis durant la seconde guerre mondiale), Alexandre Dubcek (l’homme du « Printemps de Prague » de 1968 et chantre du « Socialisme à visage humain« ), Vladimir Méciar (PM populiste, « Père de l’indépendance recouvrée« , en 1993),
Ivan Lendl (joueur de tennis), Stefan Banic l’ingénieur et génial inventeur du parachute (en 1913), Andy Warhol (le plus célèbre slovaque de la « diaspora »), Adriana Skleranikova-Karembeu (mannequin)...

Pour en savoir plus :

  informations pratiques et agenda culturel : www.france.sk et www.slovakiatourism.sk.
  La Slovaquie sur wikipedia.

 

Sources images et photos: http://fr.wikipedia.org 

13:40 Posted in ANALYSES | Permalink | Comments (0)

The comments are closed.