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02 June 2006

Mostar, Bosnie-Herzegovine

 

Ce matin nous passerons enfin la frontière après avoir acheté la fameuse « Green card » qui coûte 36 euros (72 marks convertibles, la monnaie en cours en Bosnie-Herzégovine). Nous ne tarderons pas à rencontrer la medium_P1020413.JPGdifférence sur notre route : une mosquée ! En voir une en "vraie", c'est la premiere fois! De construction très simple : un petit bâtiment de forme carré avec une coupole au dessus et, sur le côté, un minaret. Le tout de couleur blanche, sauf la pointe du minaret en métal noir ou vert. Ce qui est assez déroutant, c’est que celle-ci, et toutes celles que nous allons rencontrer sur notre route, sont situées au milieux de villages qui ressemblent à des villages français, allemands, polonais ou slovène. Mais dans ces villages, pas d’église, une mosquée ! Neanmoins attention, nous sommes dans la Fédération bosno-croate et cela veut dire qu’il y a aussi des villages croates. On ne peut pas se tromper lorsque nous en traversons un. Le drapeau croate est accroché aux poteaux électriques et on ne trouve pas de mosquée mais une église puisque, le plus souvent, les Croates sont catholiques. Voilà le premier aperçu d’un pays où la situation est extrêmement compliquée.

 

 

En effet, la Bosnie-Herzégovine est divisée en deux parties : la Fédération bosno-croate (majoritairement composée de bosniaques le plus souvent de confession musulmane et de Croates le plus souvent de confession catholique) et la Républiqua Srebska (majoritairement composée de Serbes le plus souvent de confession orthodoxe). Le pays fût le plus durement touché par les guerres balkaniques (plus de 220000 morts, massacre de Sebrenica, etc) et la paix règne enfin depuis les accords de Dayton en 1995. Mais ces accords ont entériné la division ethnique du pays et ce dernier est toujours une sorte de "colonie", de "protectorat européen" où le représentant de l’ONU qui « dirige » le pays détient un pouvoir quasi absolu. Enfin, la force militaire de 6000 hommes qui se trouve sur place, dirigée par l’Union européenne, l’EUFOR, a pour mission de maintenir l’ordre.

 

 

Après ce bref aperçu de la situation, nous arrivons donc à Mostar, ville symbolique de part sa division entre Croates catholiques et Bosniaques musulmans. La guerre y fût  particulièrement rude et les destructions immenses. Le symbole de la ville, le « Vieux pont » qui reliait les parties croates et bosniaques de la ville, fût reconstruit et a été inauguré en 2004. Depuis, cette ville magnifique est devenue très touristique. Et c’est vrai qu’elle est belle, Mostar, magnifique même ! Un paysage de petites montagnes, une ville traversée par une rivière à la couleur bleue-verte, des mosquées flambant neuves, toutes en pierre, vraiment magnifiques (financées par de nombreux pays musulmans), une atmosphère orientale agréable, un vieux quartier riche de magasins à souvenirs vraiment originaux, et le Vieux pont, avec sa voûte brisée, tout simplement superbe… le tout sous un soleil radieux ! Pour nous le voyage commence enfin, ici, en Bosnie-Herzégovine, car nous sommes, pour la première fois, confronté à de la vraie différence.

 

 

Dès notre arrivée nous sommes abordés, aux abords d’une agence de tourisme, par la propriétaire qui parle français et semble en être très fière. Elle nous propose la visite d’une mosquée, la plus grande de la ville, le tout gratuitement. L’intérieur est vraiment beau, l’art oriental nous comble par ses couleurs et sa différence. Nous montons dans le minaret et contemplons le panorama de la ville, notamment le « Vieux pont » que nous voyons pour la première fois. Nous dînerons ensuite dans un restaurant, les fameux Pita burek avec leur pain spécial et la bière locale, la « sarajevsko pivo » (pivo veut dire bière, comme dans tous les pays de langue slave). Nous retrouvons des prix attractifs, après la Slovénie et la Croatie qui étaient beaucoup plus chers que les autres pays d’Europe centrale que nous avons traversés jusqu’à présent. Nous payerons avec les Kunas croates qui nous restaient et on nous rendra la monnaie en Mark convertibles et en euro… c’est l’Europe avant l’Europe ici ! medium_P1020408.JPGPassent devant le restaurant des militaires avec un ecusson européen et français. Je vais les aborder et leur demander la permission de les prendre en photo. Ils seront très aimables et après plusieurs questions prendront même l’adresse de notre blog. Dix minutes après, d’autres militaires passent, cette fois ecusson européen et allemand. Je les prendrais aussi en photo. C’est notre première confrontation avec l’EUFOR et nous tombons sur le « couple franco-allemand ».  

 

 

Nous passons du côté ouest de la ville avec pour objectif le Centre culturel français où Céline, la directrice, nous attend. De ce côté, comme de l’autre, beaucoup de ruines, des bâtiments éventrés recouverts d’impacts de balles. Depuis Vukovar, nous y sommes maintenant habitués. C’est la partie croate de la ville et comme pour défier les nombreuses mosquées qui se trouvent de l’autre côté, une église en béton, toute neuve elle aussi (c’est d’ailleurs l’une des seules églises), élance son clocher à une hauteur impressionnante. Et, peut-être pour combler le manque d’église, une immense croix se dresse sur la montagne en arrière fond, à une hauteur visible de très loin.

Nous trouvons le Centre et sommes bien accueillis par Céline. Elle a organisé pour nous une intervention dans une école. Le soir, elle nous emmène à Abrasevic, un centre culturel où se trouve le seul cinéma de la ville. Nous y regarderons un film en espagnol, sous-titré en serbo-croate, une comédie tragique sur la seconde guerre mondiale. Un excellent film, projeté dans une salle rudimentaire à l’aide d’un projecteur d’époque. Le dépaysement est complet ! A la sortie, nous croisons d’autres militaires, cette fois ecusson européen et espagnol. Yves discute quelques minutes avec eux et, comme de bien entendu, je prends la désormais traditionnelle photo. On nous propose de garer notre camionnette dans l’enceinte de cet endroit entièrement géré par des jeunes, ce que nous acceptons avec joie. Nous y resterons une bonne semaine, avec douche, sanitaire et Internet à disposition. Royal !

 

 

Nous réalisons notre intervention le lendemain dans une école primaire avec des élèves de 10 à 14 ans. Incroyablement réceptifs, ils parlent tous un très bon anglais, ce qui nous dispensera d’avoir recours à notre interprète. Ces jeunes sont ouverts et curieux et nous donnent beaucoup de satisfaction. De plus, comme d’habitude lorsque nous sommes confrontés à des jeunes durant nos interventions, je suis toujours frappé par l’impossibilité totale de deviner leur nationalité d’origine. Ils pourraient très bien être français ou hongrois, il faut les entendre parler pour savoir qu’ils sont… encore faut-il reconnaître la langue ! Ici on parle une langue slave qui ressemble comme deux gouttes d’eau au slovène, au croate, au serbe, au macédonien, au bulgare, mais aussi au polonais, au tchèque, au slovaque et au russe, même si la différence est plus marquée avec ces quatre dernières langues. Alors, en plus, lorsqu’on vous dit que les jeunes qui sont devant vous sont musulmans !!! Je fais le pari que plus d’un français aurait du mal à croire qu’ils le sont vraiment, ses clichés en étant totalement bouleversés en voyant ces enfants tout à fait semblables aux siens. Décidément les Européens me font doucement rigoler! Ils s’attachent  à des différences qu’ils imaginent immenses alors qu’ils se ressemblent tellement! Je leur conseille vivement d’aller faire un tour dans un village animiste africain, en Chine, au Groenland ou en Inde et ils comprendront ce que c’est que la vraie différence… et encore ! Si vous allez à Shangaï ou à New Delhi, la différence commence à s’estomper rapidement. Quoi qu’il en soit, ce fût l’une de nos meilleures interventions et ces jeunes nous laissent plein d’espoir à notre départ.

 

 

Nous restons à Mostar jusqu’au vendredi, jour de notre départ pour Sarajevo. Nous passerons nos journées à visiter la ville, travailler et discuter avec les jeunes d’Abrasevic. Nous croiserons encore des militaires belges, et medium_P1020397.2.JPGmême un marocain ! Au début je ne réussi pas à deviner l'ecusson au dessus du drapeau européen sur son épaule. Je m’approche et je constate, à ma grande surprise, que c’est le drapeau marocain. Je discuterais avec lui quelques instants. J’en déduis logiquement que même si l’EUFOR est à majorité composée de soldats européens, elle est, en fait, une sorte de force des Nations unies sous commandement européen avec un recrutement de militaires plus international.

Nous constatons aussi que beaucoup de pays ont apporté leur soutien à la reconstruction de la ville. Les mosquées financées par l’Arabie saoudite ou la Turquie, les bains publics par l’Italie, un pont de pierre par le Duché du Luxembourg, un centre de jeune par l’Espagne, etc.

Enfin, comme nous sommes dans un endroit « protégé » et que le soleil est radieux, nous en profiterons pour faire le premier "grand ménage" de notre camionnette. On peut le dire, c’était vraiment le bordel! Une bonne après-midi consacrée à cette tache ne sera pas de trop pour venir à bout de notre opération rangement et nettoyage !

 

 

Le départ est difficile car nous avions des conditions de séjour vraiment optimales dans cette ville magnifique. Mostar nous laisse un excellent souvenir de beauté et de différence. Il est temps de partir pour Sarajevo, la célèbre capitale de la Bosnie-Herzégovine.

 

 

Michel

Comments

Salut les p'tits loups !!! vous devez etre sacrement creve pour faire autant de fautes dans l'article ;p
Bisous et bonne continuation !!

Posted by: Guillaume | 05 June 2006

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