Ok

By continuing your visit to this site, you accept the use of cookies. These ensure the smooth running of our services. Learn more.

29 June 2006

Banja Luka, Tuzla.

Nous voici donc en Republika Srpska à Banja Luka. L’accueil que nous réserve Bérengère, (la directrice du centre culturel français) est très enjoué. Suite à notre première intervention, deux anciens militaires nous invitent  à poursuivre le débat autour d’un verre. Voici quelques unes de leurs analyses:
"La religion dans ce conflit n’est qu’un prétexte, celui-ci permet aux politiciens de s’enrichir davantage... Il s’agit également de répondre à l’intérêt des grands pays, l’influence que ceux-ci exercent étant considérable. La Bosnie nous plaît bien sûr , nous n’avons d'ailleurs pas de réels problèmes en ce qui concerne la cohabitation dans notre vie quotidienne, la guerre a simplement amplifié les différences. Les raisons du conflit: le morcellement bien sûr, à cause des minorités, avec leurs vélléités d’indépendance, mais bon il faut reconnaitre malgré tout que les trois armées ont leur part de responsabilité dans ce conflit."

medium_P1030108.JPGLe lendemain, nous réalisons une intervention auprès de la branche jeune du parti social-démocrate. Notre intervention s'avère difficile à mettre en place, le public ne maïtrisant pas l'anglais, une interprète s'efforce de traduire nos propos. Nous ne parvenons malheureusement pas à installer un réel débat, je retiendrai la remarque de l’une des jeunes militantes. Celle-ci clame ouvertement sa préférence pour la monarchie: "une personne détenant un pouvoir de droit divin, concentrant l'ensemble des pouvoirs, peut être réellement efficace pour le pays. Dans une démocratie deux personnes travaillent pour cinq, je préfère dans un sens la dictature". Cette adolescente bien que militante dans un parti faisant la promotion de la démocratie la rejette en bloc: cherchez l'erreur? Une analyse succinte permet de mieux comprendre ce raisonnement: cette jeune fille se focalise sur le court terme, elle souhaite indubitablement améliorer la situation chaotique du pays, et ce par l'intermédiaire d'un pouvoir fort apparemment à même de rétablir l'ordre dans les plus brefs délais...

Le but de la démocratie n'est-il pas le vivre ensemble, trouver une solution en faveur du bien commun? La plupart de ces jeunes ne croient pas vraiment en la démocratie,  pour eux il ne s’agit que d’une idée, un concept. Le problème que connaît ce pays est davantage le chomâge, près de 40%. "Notre quotidien c'est la survie!" Ils pensent, et c’est bien compréhensible, dans un premier temps à résoudre leurs propres problèmes.  Ils espèrent être reconnus en tant que Bosno-Serbe, aspirent à améliorer leur quotidien, à disposer de la liberté d’entreprendre, de tenter leur chance, de disposer de la possibilité d'améliorer leur sort... A la question : "Comment devrait-être choisi le représentant du peuple?" ils répondent: " par un choix qui respecte des principes démocratiques mais aboutir à cela tient déjà de la gageure!!! ".

Bérangère organise pour nous de nombreuses interventions auprès d'un public on ne peut plus varié, ce qui nousmedium_P1030168.JPG permet d'effectuer nombres analyses comparatives. Lors d'une soirée, l'occasion nous est donnée de converser avec un institutionnel travaillant pour l'OSCE, il nous livre son analyse: "certaine organisation impose la démocratie, usant d'une certaine violence, ou à défaut intimidant leur interlocuteur afin d'obtenir sa coopération!!!". "Il y a toute une constellation d’institutions internationales dans le pays ce qui dans un certain sens ne facilite pas la situation" ajoute-t-il. Nous abordons également les nombreuses difficultés que comportent la gestion de la Bosnie-Herzégovine.

Une deuxième intervention auprès d'autres militants du parti social démocrate se révèle beaucoup plus concluante. Les jeunes membres avouent pour la plupart se sentir plus serbes que bosniens. Un lourd poids pèse sur ceux-ci, qui n'est autre que celui de l'opinion internationale. Ils aimeraient tourner la page, que l'on cesse de considérer l'ensemble des Bosno-Serbes comme des criminels de guerre. L'un d'entre eux ne pourra s'empêcher de clamer avec fierté son amour pour sa patrie, il se sent serbe de Bosnie-Herzégovine et ne souhaite en aucun cas être assimiler à Belgrade. "Je respecte profondément les autres nations quelles qu'elles soient, la moindre des choses c'est que l'on me rende la pareille". Gracieusement invité au restaurant, nous interrogeons nos hôtes, la conversation va bon train, l'une des militantes nous confie qu'elle aspire à voyager mais en aucun cas changer de pays, le statut qu'elle a acquis ici elle ne souhaite certainement pas le perdre.

medium_P1030217.JPGLa veille de notre départ nous assistons à une série de matchs de kick-boxing, il faut avouer que les nombreux panneaux publicitaires sont assez convaincants. Nous retenons le fairplay des participants, l'incontournable musique de Rocky lors de la finale, répétée à trois reprises, la bimbo chargée d'annoncer le début de chaque round, les acclamations de la foule... Une ambiance à laquelle, il faut l'avouer, nous ne sommes pas habitués. Le lendemain nous saluons nos amis Bérengère et Guillaume et nous dirigeons vers Tuzla où Pascal se charge de notre accueil. Au cours de la soirée nous goûtons divers mets très appétissants dont une boisson très rafraichissante: la Boza, une boisson jaûnatre à base de fleur. Nos interlocuteurs, des jeunes souhaitant aménager un centre culturel, nous confient leurs difficultés. Tuzla nous est présentée comme un havre de paix où la tension entre communauté est quasi inexistante...
Nous dormons dans le centre culturel français et passons la journée du dimanche à travailler, avant de pousuivre notre route le lundi direction la Serbie et sa capitale Belgrade.
 
Yves Mouillet.

yvouche@yahoo.fr

Comments

Ces photos sont émouvantes. Un tel contraste entre drame et paix! Votre engagement est noble et admirable.
YN.

Posted by: YN | 09 July 2006

The comments are closed.