Rêve d'Europe Dream of Europe

De l’esprit d’aventure.

A qui avons-nous affaire dans ce dialogue à trois voix ? Trois hurluberlus tentant de faire l’apologie d’un mode de vie décalé ? Trois aventuriers des temps modernes qui s’accordent le droit de parler d’aventure et d’une notion toute particulière : l’esprit d’aventure ? Trois individus cherchant à sensibiliser le lecteur sur l’importance de l’esprit d’aventure ses bienfaits, son rôle, sa typologie ? Que signifie donc ce titre qui interloque ? Y a-t-il seulement des Hommes dotés de cet élan vital ? Joue-t-il un rôle particulier pour l’individu, la société ?

Les auteurs nous proposent ici une conception renouvelée et originale de cet esprit en distinguant la notion d’esprit d’aventure de celle d’aventure. Un examen quasi exhaustif nous est proposé, il s’agit pour nos trois compères d'approfondir la nature exacte de cet esprit, en revisitant l’Histoire des sociétés, en interrogeant leurs propres expériences. Ils s’efforcent de renouer les liens qui unissent théorie et pratique, action et réflexion en analysant de façon renouvelée les Hommes qui ont contribué à étendre le champ de la connaissance tels Giordano Bruno, Léonard de Vinci, Galilée… Sans oublier  les philosophes Socrate, Aristote, Kant… Les conquérants Alexandre le Grand, Napoléon… Les explorateurs Bougainville, Cook, les écrivains Cendrars, Kessel, Malraux... Les marchands Marco Polo…Les scientifiques Newton, Einstein… Des artistes, des militaires, des politiques, des missionnaires, des humanitaires, des pèlerins et tant d’autres qui ont révolutionné notre humanité, élargi le champ des possibles. Sans oublier bien sûr les indispensables personnages mythiques qui ont influé sur notre vision du monde, Ulysse, Achille, Don Quichotte…
Cet ouvrage nous montre que contrairement aux idées reçues, l’aventure c’est souvent la douleur, la soif, le froid, la chaleur, la fatigue. Et dans une autre perspective : du travail, de l’organisation, de la discipline, de la rigueur, un goût indispensable pour l’effort. On y voit combien l’application, la précision, la prudence, la vigilance sont importantes… C’est souvent, comme le précisent les auteurs, le rêve, voire tout simplement l’objectif qui fait s’évanouir les limites et transfigure l’obstacle en défi. Un tempérament poétique, une posture face à la chance : un mélange d’intuition, d’esprit de décision, de risque calculé, l’inaccessibilité au découragement, autant d’aptitudes indispensables à la réalisation de toutes entreprises. Il s’agit d’être capable de mêler pessimisme de l’intelligence et optimisme de tempérament ou de volonté.

Quelle est la place de l’esprit d’aventure dans nos sociétés en quête de sécurité ? D’où vient-t-il ? Un élan vital : une vocation, un tempérament inné, une posture face à la vie ? Un rêve d’enfant ? J’ai fait partie de cette catégorie d’enfant qui après avoir refermé un livre refusent qu’il s’arrête là et se demandent ? Pourquoi ce qui m’entoure plutôt que ce que je viens de lire ? Pourquoi cette malchance de ne pas être né dans ces livres où tout semble possible ?

Les auteurs s’attachent à nous montrer l’importance d’assumer le plus possible d’humanité, d’être instruit pour être le plus libre possible et comme l’affirme Malraux de transformer l’expérience, le savoir en conscience. On peut y ajouter, de transformer cette conscience en action. Il s’agit en effet d’intervenir dans le monde, de frotter nos propres codes avec ceux des autres sociétés. Faire preuve de cette dimension supérieure de l’audace : le brin de folie. Nous qui vivons une aventure à travers notre voyage, l’occasion nous est donnée de renforcer notre culture, d’apprendre le monde, de renouer avec ce rite absent de notre société : le rite du passage adulte, de détenir cette merveilleuse faculté : l’impression d’être chez soi partout, de partager avec d’autres ce que nous aurons acquis…
Qu’est-ce donc que ce mystérieux esprit d’aventure ?

Le goût du risque voire sa recherche, ce que nous entendons ici par esprit d’aventure, ne concerne pas seulement ses manifestations physiques mais aussi celles des aventures de l’esprit. Une conviction qui  pousse les Hommes à sortir des sentiers battus. L’esprit d’aventure est lié à l’inconnu, au courage, au caractère, au dépassement. Il est passion et volonté. Peut-être est-ce une manière de refuser ce qu’on appelle la grisaille de la vie quotidienne. L’esprit d’aventure paie, en exaltation de l’existence, ce qu’il coûte en sécurité. Gérard Chaliand.

Pour que l’Homme franchisse les étapes de son évolution, progresse, découvre se libère, invente, se révolte, pour qu’il aille toujours un peu plus loin et devienne davantage Homme, il fallait que l’esprit d’aventure souffle en lui. Cet esprit d’aventure était en réalité à la source de tout ce qui avait été nouveau, en art comme en politique, en science comme en sport ou en tout ce que l’on voudra. Esprit et aventure : la recomposition de l’homme éclaté, la réunion en lui de la réflexion et de l’action, quel que soit le registre d’activité dans lequel il s’exprime. Patrice Franceschi.

Les différentes caractéristiques de l’esprit d’aventure :
L’anticonformisme, l’aptitude au risque, le besoin de liberté, le désir d’explorer, (désir de connaissance). La capacité de remettre en cause certains des fondements d’une société est l’essence même de l’esprit d’aventure. Un mépris du confort et de la sécurité, le goût de l’effort. Le goût de la liberté, de la vérité… L’esprit d’aventure n’est donc pas un mode d’existence comme l’est l’aventure, mais plutôt un état d’esprit sur la manière d’exister.

Sans force de vie, sans supplément d’âme et de caractère, on peut faire de brillantes carrières, mais rarement davantage…

Pour finir et comme le dit si bien Gérard Chaliand : en avant pour de nouvelles aventures !

Yves Mouillet.  yvouche@yahoo.fr

Source photo: http://www.amazon.fr 

Françoise et Claude Hervé  

Je trouverais ce livre alors que la décision de réaliser notre voyage actuel sera déjà prise. Je réalisais une colonie de vacance en tant que moniteur et je tombe sur ce livre dans la bibliothèque. Ce n’est pas vraiment le genre de voyage que nous souhaitons mener mais je décide tout de même de le lire.

 Françoise, 23 ans, est décoratrice ; Claude, 27 ans, est orthopédiste. Ce jeune couple décide de tout quitter pour connaître le monde de leurs propres yeux. Ils préparent leur voyage pendant deux ans et partent le 1^er avril 1980. Ils traverseront 66 pays sur les cinq continents parcourant 150000 km à bicyclette, usant 90 pneus et réparant plus de 500 crevaisons en 14 ans de voyage. Une véritable aventure humaine avec de noble investissement comme leur expérience dans l’humanitaire au Cambodge, si mes souvenirs sont bons.

Mais le plus étonnant dans cette histoire reste, à mes yeux, la naissance de la petite Manon. Elle naîtra en 1988, en Nouvelle-Zélande. Polyglotte et nomade depuis sa naissance, elle a voyagé dans la petite remorque attelée à la bicyclette de sa mère depuis l’âge de six semaines jusqu’à près de six ans.

Bien entendu on les a souvent jugé comme inconscient des risques encourus, des médecins leur avaient promis de grands retards physiques et mentaux pour une enfant qui doit vivre dans de telles conditions. 

Mais c’est tout le contraire qui adviendra. Une enfant précoce sur tous les points et que j’aimerai bien rencontrer aujourd’hui pour une petite discussion sur sa sensibilité au monde et à la vie qui doit être des plus intéressante.

Peu de personnes ont eu la chance de bénéficier d’un tel contexte pour les premières années de sa vie. Preuve, une fois de plus, que ce qui semble irréalisable peut très souvent devenir réalité… à condition de le vouloir vraiment et de s’en donner les moyens, donc de beaucoup travailler.

Les auteurs ont un site Internet dédié à ce voyage: http://membres.lycos.fr/claudeherve/ 

Michel

michelpierpaoli@yahoo.fr

L’Échappée belle,  

13 mois autour du monde  

Dominique Vérot et Damien Mignot

Edition Glénat, 2000

C’est le deuxième livre de voyage que nous lirons. Enfin, nous allons trouver une histoire qui ressemble davantage à ce que nous cherchions. Deux personnes qui réalisent un très beau voyage qui semble les faire réfléchir.

Dominique et Damien sont deux jeunes diplômés de l’ESSEC et ne sont pas à plaindre. Tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où Dominique se remet profondément en question et doute de sa « réussite ». Est-ce vraiment cela qu’elle voulait ?

Ils décident alors tous deux de tout plaquer et de réaliser leur rêve. Ils vont parcourir 10000 miles en bateau de l’Atlantique jusqu’au Pacifique, puis revenir en Inde où ils vont continuer leur périple à pied et en vélo. Ils iront en Chine, et remonteront par le Tibet. Ils décident alors de se séparer. Leur chemin se sépare pour mieux continuer leur voyage intérieur. Dominique va traverser seule, à vélo, toute l’Asie centrale tandis que Damien va rester partager la vie des moines tibétains. Trois mois plus tard, ils se retrouvent aux portes de l’Europe, aux alentours de la Turquie, bien décidés à terminer ce voyage ensemble. Ils rentreront à vélo en traversant les balkans.

Une très belle aventure, une aventure complète, physique et intérieure.

Michel

michelpierpaoli@yahoo.fr

Source photo: http://www.cci.asso.fr 

La Terre en rond  

Jacques Séguéla et J.C. Baudot

Edition Flammarion, Paris, 1965 – Collection l’aventure vécue

J’ai trouvé les coordonnées de ce livre en 2003, en cherchant les moyens de réaliser un volontariat ou autre programme spécifique qui me permette de voyager (je réaliserais l'année suivante, en 2004, un Service Volontaire Européen de six mois en Pologne, à Katowice). C'est ce livre qui nous donnera l'idée de réaliser une aventure de ce genre.

Dans le bouquin qui s’intitule « Le guide du jeune voyageur », plusieurs grands voyageurs sont présentés en guise d’introduction. Parmi eux Nicolas Hulot, Patrice Franceschi et notamment Jacques Séguéla. Ce dernier a réalisé le premier tour du monde en 2CV, en un an, de 1958 à 1959, avec son ami J.C Baudot. 100000 km, 8 déserts, 50 pays, 350 nuits à la belle étoile, 2247 heures de volant…épris de liberté, je décide de me procurer le bouquin.

C’est ma sœur Tiphaine qui réussira à trouver ce livre devenu rare. Mais je ne cache pas ma déception à la lecture de cette aventure. Certes, l’exploit est impressionnant, mais il reste un exploit sportif. Joli coup de pub monsieur Séguéla ! Difficile de ressentir les impressions des deux protagonistes tant l’écriture est vide d’explications ou de témoignages sur l’état mental et moral des deux aventuriers. Ils devaient parcourir 200 km par jour et, à ce rythme là, il n’est pas étonnant qu’il n’est pas vraiment pu nouer contact avec les autochtones des pays traversés. Dommage ! Lorsque Yves lira ce livre, il aura le même sentiment de manque.

Néanmoins c’est ce livre, lu en 2003, qui nous donnera l’idée de réaliser une aventure de la sorte, à la seule différence que nous ne souhaitons pas voir le monde uniquement à travers les vitres de notre voiture. Nous cherchons du sensible, des rencontres, des impressions, en somme, s’imprégner des endroits et des hommes que nous rencontrerons.

Michel

michelpierpaoli@yahoo.fr

Source photo: http://www.kiosquauto.com