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29 June 2006

Banja Luka, Tuzla.

Nous voici donc en Republika Srpska à Banja Luka. L’accueil que nous réserve Bérengère, (la directrice du centre culturel français) est très enjoué. Suite à notre première intervention, deux anciens militaires nous invitent  à poursuivre le débat autour d’un verre. Voici quelques unes de leurs analyses:
"La religion dans ce conflit n’est qu’un prétexte, celui-ci permet aux politiciens de s’enrichir davantage... Il s’agit également de répondre à l’intérêt des grands pays, l’influence que ceux-ci exercent étant considérable. La Bosnie nous plaît bien sûr , nous n’avons d'ailleurs pas de réels problèmes en ce qui concerne la cohabitation dans notre vie quotidienne, la guerre a simplement amplifié les différences. Les raisons du conflit: le morcellement bien sûr, à cause des minorités, avec leurs vélléités d’indépendance, mais bon il faut reconnaitre malgré tout que les trois armées ont leur part de responsabilité dans ce conflit."

medium_P1030108.JPGLe lendemain, nous réalisons une intervention auprès de la branche jeune du parti social-démocrate. Notre intervention s'avère difficile à mettre en place, le public ne maïtrisant pas l'anglais, une interprète s'efforce de traduire nos propos. Nous ne parvenons malheureusement pas à installer un réel débat, je retiendrai la remarque de l’une des jeunes militantes. Celle-ci clame ouvertement sa préférence pour la monarchie: "une personne détenant un pouvoir de droit divin, concentrant l'ensemble des pouvoirs, peut être réellement efficace pour le pays. Dans une démocratie deux personnes travaillent pour cinq, je préfère dans un sens la dictature". Cette adolescente bien que militante dans un parti faisant la promotion de la démocratie la rejette en bloc: cherchez l'erreur? Une analyse succinte permet de mieux comprendre ce raisonnement: cette jeune fille se focalise sur le court terme, elle souhaite indubitablement améliorer la situation chaotique du pays, et ce par l'intermédiaire d'un pouvoir fort apparemment à même de rétablir l'ordre dans les plus brefs délais...

Le but de la démocratie n'est-il pas le vivre ensemble, trouver une solution en faveur du bien commun? La plupart de ces jeunes ne croient pas vraiment en la démocratie,  pour eux il ne s’agit que d’une idée, un concept. Le problème que connaît ce pays est davantage le chomâge, près de 40%. "Notre quotidien c'est la survie!" Ils pensent, et c’est bien compréhensible, dans un premier temps à résoudre leurs propres problèmes.  Ils espèrent être reconnus en tant que Bosno-Serbe, aspirent à améliorer leur quotidien, à disposer de la liberté d’entreprendre, de tenter leur chance, de disposer de la possibilité d'améliorer leur sort... A la question : "Comment devrait-être choisi le représentant du peuple?" ils répondent: " par un choix qui respecte des principes démocratiques mais aboutir à cela tient déjà de la gageure!!! ".

Bérangère organise pour nous de nombreuses interventions auprès d'un public on ne peut plus varié, ce qui nousmedium_P1030168.JPG permet d'effectuer nombres analyses comparatives. Lors d'une soirée, l'occasion nous est donnée de converser avec un institutionnel travaillant pour l'OSCE, il nous livre son analyse: "certaine organisation impose la démocratie, usant d'une certaine violence, ou à défaut intimidant leur interlocuteur afin d'obtenir sa coopération!!!". "Il y a toute une constellation d’institutions internationales dans le pays ce qui dans un certain sens ne facilite pas la situation" ajoute-t-il. Nous abordons également les nombreuses difficultés que comportent la gestion de la Bosnie-Herzégovine.

Une deuxième intervention auprès d'autres militants du parti social démocrate se révèle beaucoup plus concluante. Les jeunes membres avouent pour la plupart se sentir plus serbes que bosniens. Un lourd poids pèse sur ceux-ci, qui n'est autre que celui de l'opinion internationale. Ils aimeraient tourner la page, que l'on cesse de considérer l'ensemble des Bosno-Serbes comme des criminels de guerre. L'un d'entre eux ne pourra s'empêcher de clamer avec fierté son amour pour sa patrie, il se sent serbe de Bosnie-Herzégovine et ne souhaite en aucun cas être assimiler à Belgrade. "Je respecte profondément les autres nations quelles qu'elles soient, la moindre des choses c'est que l'on me rende la pareille". Gracieusement invité au restaurant, nous interrogeons nos hôtes, la conversation va bon train, l'une des militantes nous confie qu'elle aspire à voyager mais en aucun cas changer de pays, le statut qu'elle a acquis ici elle ne souhaite certainement pas le perdre.

medium_P1030217.JPGLa veille de notre départ nous assistons à une série de matchs de kick-boxing, il faut avouer que les nombreux panneaux publicitaires sont assez convaincants. Nous retenons le fairplay des participants, l'incontournable musique de Rocky lors de la finale, répétée à trois reprises, la bimbo chargée d'annoncer le début de chaque round, les acclamations de la foule... Une ambiance à laquelle, il faut l'avouer, nous ne sommes pas habitués. Le lendemain nous saluons nos amis Bérengère et Guillaume et nous dirigeons vers Tuzla où Pascal se charge de notre accueil. Au cours de la soirée nous goûtons divers mets très appétissants dont une boisson très rafraichissante: la Boza, une boisson jaûnatre à base de fleur. Nos interlocuteurs, des jeunes souhaitant aménager un centre culturel, nous confient leurs difficultés. Tuzla nous est présentée comme un havre de paix où la tension entre communauté est quasi inexistante...
Nous dormons dans le centre culturel français et passons la journée du dimanche à travailler, avant de pousuivre notre route le lundi direction la Serbie et sa capitale Belgrade.
 
Yves Mouillet.

yvouche@yahoo.fr

13 June 2006

Rencontre avec de jeunes Bosniens.


Lundi 03 avril au mardi 04 avril.

Nous voici donc à Sarajevo, sur place il nous faut trouver le sempiternel établissement scolaire. Lorsque nous demandons quelques indications, nous constatons avec amusement à quel point la prononciation d'un mot est importante, la moindre différence et la communication s'avère impossible: prenez l'exemple du mot (centre), centar, nous avons beau essayer toutes les façons, aucun Bosnien ne semble comprendre ce que nous signifions... Nous ne tardons pas cependant à trouver le Druga Gimnazija. Notre publique est cette fois composé d'élèves bosniaques, (que l'on assimile à des Musulmans). Un petit rappel: la république de Bosnie-Herzégovine, (BiH), comprend deux entités autonomes, la fédérarion croato-musulmane de BiH ainsi que la Republika Srpska, (République serbe de Bosnie). medium_P1020857.JPGPourtant, ces élèves aspirent à la réconciliation, ils affirment considérer la Bosnie-Herzégovine comme un seul et même pays. Nermin laisse éclater sa colère: "de nombreux préjugés perdurent: si un Bosnien (habitant de la Bosnie toute identité confondue) affirme son appartenance à tel ou tel groupe, l'interlocuteur assimilera sa revendication à une religion ainsi qu'à une ethnie. Ce qui est bien entendu réducteur au possible!!! Je suis de confession musulmane; c'est une partie de mon identité, mais je me sens bosnien de nationalité, non pas bosniaque." Ces élèves nous rappellent qu'ils sont avant tout bosniens et ont pour religion l’Islam ce qui ne signifie pas que celle-ci se confonde avec leur nationalité. La situation est extrémement complexe: prenons l’exemple de Senka qui possède un nom à la consonnance chrétienne voire orthodoxe. Quand elle se présente, les gens pensent qu’elle est croate ou serbe, certainement pas bosniaque (bosno-musulmane), ce qui, bien entendu, occasionne nombres confusions et autres situations embarassantes.
La prise en main internationale est considérée par ces élèves avec circonspection : "c’est mieux pour notre sécurité, faire partie de l’Europe, cela signifie voyager sans visas..." La présence de l’Eufor, (la Force de l'Union européenne), qui a succédé en Bosnie-Herzégovine à la Force de stabilisation (Sfor) de l'OTAN semble appréciée: « C’est vrai qu’il y a beaucoup d’étrangers, et que dans un sens c’est une autre forme d’occupation, mais objectivement nous sommes encore très dépendants, nous avons besoin de la présence d’une armée à caractère internationale » nous affirme Nermin. Les panneaux publicitaires pour l’Eufor fleurissent d’ailleurs ici et là, avec pour slogan: "une équipe là pour vous aider…"

Ces jeunes élèves déplorent l'apathie générale des Bosniens: « on parle beaucoup, sans pour toutefois agir, peu de gens vont voter, ce n’est pas ainsi que la situation va changer... » Ces personnes sont évidemment trop jeunes, (18 ans), pour se souvenir de la guerre. Ils se rappellent vaguement des moments difficiles que leurs parents ont connus. En 1995 lors du traité de Dayton, (fin de la guerre), ils sont contents, mais ne parviennent pas à justifier la joie ressentie lors de ces accords. Certains d'entre eux, alors enfants, entonnaient des chants louant la paix sans vraiment connaître la signification de ce mot. L'environnement dans lequel ils sont nés, (faut-il le rappeler ?), est considéré comme intolérable d'un point de vue extérieur, cependant, celui-ci bien qu’inhospitalier correspondaient alors à ce à quoi ils étaient habitués, leur normalité. C'est peu à peu, dôtés du recul nécessaire à toutes introspections, qu'ils prennent conscience des conditions désastreuses dans lesquelles ils vivaient alors.

Nos amis expriment leur profonde rancoeur face aux prejugés de toutes sortes, notamment la déconsidérationmedium_PICT0006.JPG immédiate lorsque l'on est musulman. « Nous ne sommes pas tous des Ben Laden » clament-ils avec vigueur. Il faut admettre que ces jeunes ne correspondent en rien à l'image caricaturale de l'Islamiste véhiculée par les médias. Vous en jugerez vous-meme via la galerie-photo...

Leur peur quant à une éventuelle entrée au sein de l’UE est bien réelle, ils veulent conserver leur racine, pas de vie rapide, ces jeunes, très attachés à leur pays, veulent voyager intensément mais toujours revenir. Amra nous parle du mode de vie bosniaque: meraklija, (il s'agit de prendre le temps de vivre, faire chaque chose à son rythme, sans se presser). Chacun de leur prénom a une signification particulière : Senka veut dire ombre , Nermin, signifie héros, Amra: princesse… Ils évoquent avec dérision les nombreux problèmes qui affectent leur pays, nous parlant entre autre de la Stela, le piston, les contacts permettant d’obtenir les choses d’une manière insidieuse: postes, concours, examens...

Cette rencontre nous laisse un excellent souvenir, la Bosnie-Herzégovine si durement touchée par la guerre a sans nul doute besoin de cette génération au sang neuf. L’enthousiasme de ces jeunes laisse présager le meilleur pour ce pays plus que jamais à la recherche de ses marques.

Yves Mouillet

yvouche@yahoo.fr  

10 June 2006

L'EUFOR en Bosnie-Herzegovine, 2004

medium_carte_eufor2004.jpg

11:15 Posted in Cartes - Maps | Permalink | Comments (0)

03 June 2006

Livre Erasme, paix.

 PLAIDOYER POUR

 

LA PAIX (1516)

 

« Je ne vois que ténèbres dans toutes les choses humaines »

 

Nulle part ne règne le véritable allié de la paix : « le souci du bien commun »

 

Le plus fort du texte est de montrer que l’homme NE VEUT PAS la paix, précurseur du Discours sur la servitude volontaire de La Boétie, en 1574 (s’il y a des tyrans ne serait-ce pas que la base ne souhaite pas medium_Plaidoyer_pour_la_paix.2.jpgvéritablement les éliminer ?), ce petit livre dénonce sans complaisance touts les méfaits de la guerre et en particulier la futilité des raisons que l’on invoque pour la réaliser. Dans le texte c’est la paix qui s’exprime à la première personne. Néanmoins il faut prendre garde à la date à laquelle ce livre a été écrit et pour qui (il etait destiné aux princes européens) car l’auteur s’attarde à vouloir rassembler les chrétiens, au risque de leur demander de se battre en commun contre les Turcs. Mais le texte garde toute son actualité si l’on se concentre à remplacer le terme de « chrétiens » par « être humains ». D’ailleurs Erasme n’est pas en reste sur ce point et son message est celui d’un humaniste avant l’heure car c’est bien la concorde entre les hommes qu’il recherche, au-delà de celle des chrétiens.

 


 

 

TEXTE :

 

Le message du Christ semble être celui de la paix « quiconque annonce le christ annonce la paix. Quiconque annonce la guerre annonce celui qui est aux antipodes du christ. »

 

« Les mortels peuvent bien masquer cette maladie qui est la leur de n’importe quel prétexte : s’ils n’aimaient pas la guerre, ils ne se déchireraient pas entre eux en des guerres continuelles. »

 

 « Tous les écrits des chrétiens, qu’on lise l’Ancien ou le Nouveau Testaments, ne crient qu’une chose : paix et union des cœurs, et la vie entière de tous les chrétiens n’est consacrée qu’à la guerre ! »

 

« O cœurs plus durs que le diamant ! Vous avez tant de choses en commun, et des vies si inexplicablement désunies ! Les mêmes lois président à votre naissance. Tous, vous êtes devant la nécessité de vieillir et de mourir. Tous ces hommes tirent leur origine de la même source, leur religion a le même fondateur, ils ont été rachetés par le même sang, ils sont initiés aux mêmes mystères, ils se nourrissent des mêmes sacrements. Et les fruits de ces sacrements viennent de la même source, ils sont également répandus sur tous, Tous, ils ont la même Eglise. Enfin tous attendent la même récompense. Bien plus, cette fameuse Jérusalem céleste vers laquelle soupirent tous les vrais chrétiens tire son nom d’une vision de paix, dont l’Eglise, ici-bas, offre l’image. Alors comment se fait-il que cette Eglise diffère à ce point de son modèle ? Le Christ en personne a pu si peu, malgré tant de préceptes, tant de mystères, tant de symboles ? Selon le proverbe, le mal lui-même parvient à réunir les méchants, et les chrétiens, ni le bien ni le mal ne parvient à les unir ? Quoi de plus bref, de plus fragile que la vie humaine ? Que de maladies, que d’accidents la menacent ! Et pourtant, en dépit des maux intolérables qui lui sont consubstantiellement attachés, la plus grande partie de ses malheurs, ce sont les hommes eux-mêmes qui, dans leur folie, l’attirent sur eux. Un tel aveuglement obscurcit l’âme des hommes qu’ils ne voient rien venir et travaillent, tête baissée, à rompre, déchirer, briser tous liens, tous les pactes tissés par la nature et le Christ. Ils se combattent sans trêves et de tous côtés, sans mesures ni fin. Les peuples se déchirent entres eux, les cités entre elles, les partis entre eux, les princes entre eux, et, par la faute de la sottise ou de l’ambition de deux malheureux hommes qui bientôt seront morts comme toute chose éphémère, la vie des hommes est totalement bouleversée. »

 

« Passons sur les tragédies des guerres anciennes. Rappelons simplement celles qui ont été menées ces dix dernières années. De 1506 à 1617, en effet, et dans la seule Europe, d’innombrables conflits se déchaînent : Jules II attaque Bologne et Pérouse en 1506 ; la coalition de Cambrai se noue contre Venise en 1509 ; Jules II, encore, attaque l’Emilie en 1510 et promulgue la Lega Santa contre la France. Les Espagnols combattent les Médicis à Florence et conquièrent Pampelune en Navarre. En 1513, Louis XII envahit la Lombardie ; ses alliés vénitiens subissent une défaite à Vicence ; une invasion anglaise à lieu dans le nord de la France. En 1515, François Ier envahit l’Italie : victorieux à Marignan, les Français entrent dans Milan. En 1516, Maximilien Ier entre en campagne contre les Vénitiens et les Français ; Léon X conquiert le duché d’Urbino ; la Sicile et la Navarre sont en lutte contre l’Espagne… »

 

« Et que dire quand on songe que les auteurs de tels agissements vont plus loin en férocité que les bêtes féroces elles-mêmes ? Toutes les bêtes sauvages ne se battent pas. Il n’y a de lutte qu’entre espèces différentes, fait déjà évoqué, et à répéter encore et encore pour mieux imprimer cette vérité dans les esprits. La vipère ne mord pas la vipère, le lynx ne déchire pas le lynx. Et, lorsque ces bêtes se battent, c’est avec les armes propres de leur espèce. Mais les hommes, nés sans armes, de quelles armes, Dieu immortel, les munit la colère ! C’est au moyen de machines infernales que des chrétiens assaillent des chrétiens. Est-il croyable que ce soient des hommes qui aient inventé les canons ? Les bêtes, elles, ne se ruent pas au massacre réciproque en troupes aussi denses ! A-t-on jamais vu dix lions s’attaquer à dix taureaux ? Que de fois, au contraire, voit-on vingt mille hommes porter le fer contre autant d’hommes ! On aime tant à se blesser, à vider un frère de son sang ! Les bêtes, elles, ne combattent que si la faim ou le souci de leur progéniture les met en rage ; or quelle injure est assez légère aux yeux des chrétiens pour ne pas apparaître comme un bon prétexte de guerre ? »

 

« Comment, je vous le demande, dans les célébrations faites à l’armée, un soldat peut-il dire le Notre Père ? Bouche insensible, tu oses l’appeler « Père », toi qui veux transpercer la gorge de ton frère ? Que ton nom soit sanctifié : peut-on davantage souiller le nom de Dieu qu’avec de telles violences ? Que ton règne vienne : c’est là ta prière, toi qui édifies ton pouvoir tyrannique sur un flot de sang ? Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel : Lui veut la paix, et toi tu fais la guerre ! Tu demandes au Père de tous les hommes ton pain quotidien, toi qui brûles les moissons de tes frères et qui aimes mieux mourir que de lui être utile ? De quel front diras-tu encore : et remets-nous notre dette, comme nous la remettons à nos débiteurs, toi qui te hâtes vers le fratricide ? Tu pries Dieu d’écarter de toi le danger de la tentation, toi qui te mets en danger pour mieux mettre en danger ton frère ? Tu demandes à être libéré du mal, quand l’instinct du mal te pousse à faire le plus grand mal à ton frère ? »

 

Que ceux qui trouvent ici une bonne occasion de dénoncer l’hypocrisie de la religion s’amusent à remplacer les prières d’antan par celles d’aujourd’hui. Quels maux et motifs insidieux ne se cachent pas souvent derrière de belles intentions comme « la démocratie », « les programmes de développement », « la promotion des droits de l’homme », « la non-prolifération nucléaire », « la défense du pouvoir d’achat », « le patriotisme économique », « la lutte pour la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes », « la lutte pour un monde plus juste et moins inégalitaire », etc. Je laisse Erasme répondre :

 

« Mais j’entends depuis quelque temps les excuses données pas des hommes dont les ressources pour se faire du mal sont infinies. Ils se plaignent d’être contraints à la guerre, d’y être entraînés malgré eux. Oublie le rôle que tu joues, élimine le fard, et regarde au fond de ton cœur ; tu trouveras que ce sont la colère, l’ambition, la sottise qui t’y ont entraîné, et non la nécessité, à moins que tu n’appelles nécessité le besoin de voir tous tes désirs satisfaits. »

 

« Si nous voulons amener les Turcs à se convertir au christianisme, soyons d’abord nous-même des chrétiens ! Jamais ils n’accepteront une religion qui se présente ainsi ; jamais ils ne croiront, s’ils voient que nulle part plus que chez les chrétiens ne s’exerce la fureur de ce que le Christ a exécré par-dessus tout »

 

De même ici, il faut remplacer « christianisme » par « démocratie », « droits de l’homme » ou encore « économie de marché ». Si tels sont les bons remèdes, les autres hommes devraient finir par nous suivrent. Si ce n’est pas le cas, c’est que ce ne sont pas les bons remèdes ou, tout simplement, qu’ils ne sont pas correctement appliqués…

 

Un livre à méditer et, malheureusement, toujours d’actualité.

 

 

Michel

 

Source photo: http://www.arlea.fr 

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02 June 2006

Mostar, Bosnie-Herzegovine

 

Ce matin nous passerons enfin la frontière après avoir acheté la fameuse « Green card » qui coûte 36 euros (72 marks convertibles, la monnaie en cours en Bosnie-Herzégovine). Nous ne tarderons pas à rencontrer la medium_P1020413.JPGdifférence sur notre route : une mosquée ! En voir une en "vraie", c'est la premiere fois! De construction très simple : un petit bâtiment de forme carré avec une coupole au dessus et, sur le côté, un minaret. Le tout de couleur blanche, sauf la pointe du minaret en métal noir ou vert. Ce qui est assez déroutant, c’est que celle-ci, et toutes celles que nous allons rencontrer sur notre route, sont situées au milieux de villages qui ressemblent à des villages français, allemands, polonais ou slovène. Mais dans ces villages, pas d’église, une mosquée ! Neanmoins attention, nous sommes dans la Fédération bosno-croate et cela veut dire qu’il y a aussi des villages croates. On ne peut pas se tromper lorsque nous en traversons un. Le drapeau croate est accroché aux poteaux électriques et on ne trouve pas de mosquée mais une église puisque, le plus souvent, les Croates sont catholiques. Voilà le premier aperçu d’un pays où la situation est extrêmement compliquée.

 

 

En effet, la Bosnie-Herzégovine est divisée en deux parties : la Fédération bosno-croate (majoritairement composée de bosniaques le plus souvent de confession musulmane et de Croates le plus souvent de confession catholique) et la Républiqua Srebska (majoritairement composée de Serbes le plus souvent de confession orthodoxe). Le pays fût le plus durement touché par les guerres balkaniques (plus de 220000 morts, massacre de Sebrenica, etc) et la paix règne enfin depuis les accords de Dayton en 1995. Mais ces accords ont entériné la division ethnique du pays et ce dernier est toujours une sorte de "colonie", de "protectorat européen" où le représentant de l’ONU qui « dirige » le pays détient un pouvoir quasi absolu. Enfin, la force militaire de 6000 hommes qui se trouve sur place, dirigée par l’Union européenne, l’EUFOR, a pour mission de maintenir l’ordre.

 

 

Après ce bref aperçu de la situation, nous arrivons donc à Mostar, ville symbolique de part sa division entre Croates catholiques et Bosniaques musulmans. La guerre y fût  particulièrement rude et les destructions immenses. Le symbole de la ville, le « Vieux pont » qui reliait les parties croates et bosniaques de la ville, fût reconstruit et a été inauguré en 2004. Depuis, cette ville magnifique est devenue très touristique. Et c’est vrai qu’elle est belle, Mostar, magnifique même ! Un paysage de petites montagnes, une ville traversée par une rivière à la couleur bleue-verte, des mosquées flambant neuves, toutes en pierre, vraiment magnifiques (financées par de nombreux pays musulmans), une atmosphère orientale agréable, un vieux quartier riche de magasins à souvenirs vraiment originaux, et le Vieux pont, avec sa voûte brisée, tout simplement superbe… le tout sous un soleil radieux ! Pour nous le voyage commence enfin, ici, en Bosnie-Herzégovine, car nous sommes, pour la première fois, confronté à de la vraie différence.

 

 

Dès notre arrivée nous sommes abordés, aux abords d’une agence de tourisme, par la propriétaire qui parle français et semble en être très fière. Elle nous propose la visite d’une mosquée, la plus grande de la ville, le tout gratuitement. L’intérieur est vraiment beau, l’art oriental nous comble par ses couleurs et sa différence. Nous montons dans le minaret et contemplons le panorama de la ville, notamment le « Vieux pont » que nous voyons pour la première fois. Nous dînerons ensuite dans un restaurant, les fameux Pita burek avec leur pain spécial et la bière locale, la « sarajevsko pivo » (pivo veut dire bière, comme dans tous les pays de langue slave). Nous retrouvons des prix attractifs, après la Slovénie et la Croatie qui étaient beaucoup plus chers que les autres pays d’Europe centrale que nous avons traversés jusqu’à présent. Nous payerons avec les Kunas croates qui nous restaient et on nous rendra la monnaie en Mark convertibles et en euro… c’est l’Europe avant l’Europe ici ! medium_P1020408.JPGPassent devant le restaurant des militaires avec un ecusson européen et français. Je vais les aborder et leur demander la permission de les prendre en photo. Ils seront très aimables et après plusieurs questions prendront même l’adresse de notre blog. Dix minutes après, d’autres militaires passent, cette fois ecusson européen et allemand. Je les prendrais aussi en photo. C’est notre première confrontation avec l’EUFOR et nous tombons sur le « couple franco-allemand ».  

 

 

Nous passons du côté ouest de la ville avec pour objectif le Centre culturel français où Céline, la directrice, nous attend. De ce côté, comme de l’autre, beaucoup de ruines, des bâtiments éventrés recouverts d’impacts de balles. Depuis Vukovar, nous y sommes maintenant habitués. C’est la partie croate de la ville et comme pour défier les nombreuses mosquées qui se trouvent de l’autre côté, une église en béton, toute neuve elle aussi (c’est d’ailleurs l’une des seules églises), élance son clocher à une hauteur impressionnante. Et, peut-être pour combler le manque d’église, une immense croix se dresse sur la montagne en arrière fond, à une hauteur visible de très loin.

Nous trouvons le Centre et sommes bien accueillis par Céline. Elle a organisé pour nous une intervention dans une école. Le soir, elle nous emmène à Abrasevic, un centre culturel où se trouve le seul cinéma de la ville. Nous y regarderons un film en espagnol, sous-titré en serbo-croate, une comédie tragique sur la seconde guerre mondiale. Un excellent film, projeté dans une salle rudimentaire à l’aide d’un projecteur d’époque. Le dépaysement est complet ! A la sortie, nous croisons d’autres militaires, cette fois ecusson européen et espagnol. Yves discute quelques minutes avec eux et, comme de bien entendu, je prends la désormais traditionnelle photo. On nous propose de garer notre camionnette dans l’enceinte de cet endroit entièrement géré par des jeunes, ce que nous acceptons avec joie. Nous y resterons une bonne semaine, avec douche, sanitaire et Internet à disposition. Royal !

 

 

Nous réalisons notre intervention le lendemain dans une école primaire avec des élèves de 10 à 14 ans. Incroyablement réceptifs, ils parlent tous un très bon anglais, ce qui nous dispensera d’avoir recours à notre interprète. Ces jeunes sont ouverts et curieux et nous donnent beaucoup de satisfaction. De plus, comme d’habitude lorsque nous sommes confrontés à des jeunes durant nos interventions, je suis toujours frappé par l’impossibilité totale de deviner leur nationalité d’origine. Ils pourraient très bien être français ou hongrois, il faut les entendre parler pour savoir qu’ils sont… encore faut-il reconnaître la langue ! Ici on parle une langue slave qui ressemble comme deux gouttes d’eau au slovène, au croate, au serbe, au macédonien, au bulgare, mais aussi au polonais, au tchèque, au slovaque et au russe, même si la différence est plus marquée avec ces quatre dernières langues. Alors, en plus, lorsqu’on vous dit que les jeunes qui sont devant vous sont musulmans !!! Je fais le pari que plus d’un français aurait du mal à croire qu’ils le sont vraiment, ses clichés en étant totalement bouleversés en voyant ces enfants tout à fait semblables aux siens. Décidément les Européens me font doucement rigoler! Ils s’attachent  à des différences qu’ils imaginent immenses alors qu’ils se ressemblent tellement! Je leur conseille vivement d’aller faire un tour dans un village animiste africain, en Chine, au Groenland ou en Inde et ils comprendront ce que c’est que la vraie différence… et encore ! Si vous allez à Shangaï ou à New Delhi, la différence commence à s’estomper rapidement. Quoi qu’il en soit, ce fût l’une de nos meilleures interventions et ces jeunes nous laissent plein d’espoir à notre départ.

 

 

Nous restons à Mostar jusqu’au vendredi, jour de notre départ pour Sarajevo. Nous passerons nos journées à visiter la ville, travailler et discuter avec les jeunes d’Abrasevic. Nous croiserons encore des militaires belges, et medium_P1020397.2.JPGmême un marocain ! Au début je ne réussi pas à deviner l'ecusson au dessus du drapeau européen sur son épaule. Je m’approche et je constate, à ma grande surprise, que c’est le drapeau marocain. Je discuterais avec lui quelques instants. J’en déduis logiquement que même si l’EUFOR est à majorité composée de soldats européens, elle est, en fait, une sorte de force des Nations unies sous commandement européen avec un recrutement de militaires plus international.

Nous constatons aussi que beaucoup de pays ont apporté leur soutien à la reconstruction de la ville. Les mosquées financées par l’Arabie saoudite ou la Turquie, les bains publics par l’Italie, un pont de pierre par le Duché du Luxembourg, un centre de jeune par l’Espagne, etc.

Enfin, comme nous sommes dans un endroit « protégé » et que le soleil est radieux, nous en profiterons pour faire le premier "grand ménage" de notre camionnette. On peut le dire, c’était vraiment le bordel! Une bonne après-midi consacrée à cette tache ne sera pas de trop pour venir à bout de notre opération rangement et nettoyage !

 

 

Le départ est difficile car nous avions des conditions de séjour vraiment optimales dans cette ville magnifique. Mostar nous laisse un excellent souvenir de beauté et de différence. Il est temps de partir pour Sarajevo, la célèbre capitale de la Bosnie-Herzégovine.

 

 

Michel

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