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07 March 2006

HONGRIE, Miskolc

Du 30 janvier au 1er février,

 

medium_PICT0016.JPGNous venons de traverser la frontière sans encombre. Le douanier nous dira même, à la vue de notre aménagement intérieur, « very good » ! Rappelons quand même que le camping sauvage est interdit en Hongrie !!!

Aucun changement de paysage significatif. Seul les panneaux indicateurs nous rappellent que nous venons de changer de pays. Le hongrois est une langue très particulière, qui fait partie de la famille dite finno-ougrienne (le finnois et l’estonien font partie de cette famille).

C’est donc la première fois depuis le début de notre voyage que nous allons être confrontés à la « barrière de la langue ». Parlant tous les deux polonais, le tchèque et le slovaque nous étaient familier (comme le polonais, ce sont aussi des langues slaves), même si, il faut l’avouer, le polonais n’est tout de même pas pareil que le tchèque et le slovaque.

 

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Nous arrivons à Miskolc et trouvons rapidement une place parfaite, donc non payante, proche du centre ville, peu exposée, tout en étant dans une zone résidentielle. Nous retrouvons notre liberté après 17 jours consécutifs passés dans les familles slovaques. Même le soleil est de la partie. Nous allons donc profiter de ces deux jours pour travailler un peu et même faire du shopping.

Le tour du centre ville est vite terminé, d’ailleurs il n’y a pas vraiment de centre ville. C’est une ville un peu étrange, que l’on ne peut vraiment pas qualifier de jolie. Mais cela ne nous dérange aucunement, bien au contraire. Nous cherchons à voir la réalité… la voilà !

Le soir nous nous offrons un cinéma. Comme nous sommes très fatigués et plutôt stressés, cela nous détendra. Nous optons pour le film « derailed » avec, notamment, en acteur principal, Jennifer Aliston et Vincent Cassel. Très bon film ! Mais si ce dernier a réussi à nous faire passer une bonne soirée, il nous a peu détendu. Au contraire, il nous rappelait crûment à quel point tout peut rapidement « dérailler » (dans le film, une histoire d’amour naissante tourne au drame après que le couple soit victime d’une agression inattendue du vilain Vincent Cassel).

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Nous passerons deux nuits dans notre camionnette et deux jours à bosser dans les bars et McDonald’s de la ville… toujours aussi bruyants et passant encore et encore et toujours et encore les mêmes tubes en boucle depuis des mois. Un cauchemar !

 

Au matin de notre départ, malgré des températures plus agréables, notre batterie est une fois de plus incapable de faire démarrer notre voiture. P….. de m….! Nous réfléchissons sérieusement à en acheter une autre car notre exaspération atteint des sommets.

Juste en face, il y a un magasin de scooter où je demande au gérant si je ne pourrais pas laisser charger la batterie une petite heure. Je lui montre notre album photo, il accepte. Mais cela ne suffira pas. Le vieux monsieur tente alors de nous faire démarrer avec un « chargeur spécial » mais sans succès.

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Le second employé du magasin finit par sortir sa voiture et à relancer notre batterie en la branchant directement sur la sienne. Merci messieurs ! Nous faisons le plein d’essence et achetons la maintenant traditionnelle vignette d’autoroute. Elle est valable 4 jours et coûte 1170 Forint, soit, un peu moins de 5 euros.

Direction Budapest où Florence arrive à l’aéroport demain en fin d’après-midi.

 

Michel

 

michelpierpaoli@yahoo.fr

 

03 March 2006

Kosice

Du Mardi 24 janvier au lundi 30 janvier.


  
Nous nous levons tôt, préparons nos affaires, et nous apprêtons à partir ; contre toute attente, notre camionnette refuse de démarrer !!! Le froid aura eu raison de nos deux batteries respectives… Après quelques heures d’attentes, nous remercions chaleureusement nos hôtes de Banska Bystrica pour leur accueil et leur gentillesse et nous dirigeons vers Kosice situé à l’est à environ 200 km…

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Rien à signaler durant cette traversée si ce n’est, l’éternel tintamarre musical que diffuse la radio. Horreur et damnation !!! Nous en avons plus qu’assez de ces tubes diffusés en boucle : une dizaine de fois par jour pour raison commerciale. 

Joël, lecteur de chimie au lycée bilingue de Kosice viendra nous accueillir. Il nous amène dans un bar où nous attendent Jan et l’ensemble de la communauté française. Jan, un jeune homme de 17 ans m’accordera l’hospitalité. Arrivé devant son appartement, il ne peut s’empêcher de se justifier : désolé d’habiter dans de telles conditions, l’influence communiste, tu sais !!! Son humour ne manque pas de piquant mais témoigne de son habitude à subir le regard des autres Français, comme il le dira lui-même.

Ceux-ci, pour la plupart, ne parviennent pas à réfréner leur jugement, bien souvent trop hâtif et irrévérencieux. Leur attitude dû à une certaine ignorance peut être interprétée pour de l’arrogance, attention donc messieurs les Français…

 


medium_PICT0017.2.JPGNotre première intervention a lieu le lendemain vers 10 h00 dans le réfectoire… Nous déjeunons ensuite à la cantine où une table nous est réservée… Jan, accompagné d’une amie nous sert de guide, nous écumons les magasins spécialisés, afin d’imprimer notre carte de visite. Notre excursion dure toute l’après-midi et se solde une fois de plus par un échec. Kosice se révèle être une ville dotée d’un centre original, mais le froid nous empêche d’en apprécier les charmes.


Me voici le jour suivant, contre toute attente, confronté à un public hétérogène de 8 à 15 ans, ainsi que d’une dizaine de professeurs, 150 personnes regroupées dans une salle de conférence. Quelque peu décontenancé, je m’efforce de faire bonne figure, dans quelle langue vais-je bien pouvoir m’exprimer ? J’opte rapidement pour l’anglais. A la demande des élèves je m’exprimerai aussi en allemand. Je parviens à gérer la situation, non sans difficultés. Valika traduira, puis expliquera les quelques concepts trop difficiles à comprendre. La salle est équipée d’un vidéo-projecteur me permettant de présenter quelques photos de notre voyage.

medium_PICT0024.JPGLa fin de l’intervention est ponctuée d’une salve d’applaudissements…Cette séance organisée de façon complètement spontanée s’est déroulée finalement sans encombres… La plupart des élèves vont même jusqu’à me demander… Un autographe !!! Je ne me fais pas prier et distribue allégrement, signature et sourire. Enfin je quitte cette atmosphère joyeuse, et regagne le froid.

Une intervention doit bientôt commencer, il s’agit de ne pas arriver en retard... Je me précipite… Michel m’attend déjà.  Nous prenons garde, comme à l’accoutumée, de rester pédagogue.

 


De retour dans ma famille d’accueil slovaquo-hongroise, je m’efforce de communiquer en polonais avec la maman qui me répond en slovaque… Nos conversations sont souvent approximatives mais auréolées de bienveillance et de respect commun.

L’heure est grave, nous nous apprêtons à aller à un enterrement à 150 km à l’est de Kosice. Nous nous levons auparavant à 5h du matin, j’ai, en effet, promis d’aller courir avec la maman de Jan, qui participe régulièrement à des marathons !!! Quel plaisir de renouer avec ce sport que j’affectionne tant, mais quelle folie d’aller courir lorsque la température avoisine les – 15 degrés!!!

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Une préparation préalable est nécessaire ; application de crème protectrice sur le visage et autres rituels sont de rigueur. La magie opère peu à peu. Les étoiles scintillent, la neige crisse sous nos semelles. Les kilomètres défilent à un rythme tranquille. Une douche salutaire me réconforte.

En route !!! Direction la gare, l’ambiance est sereine. Jan lit le père Goriot de Balzac. Je m’efforce de lui expliquer les mots les plus ardus et m’interroge sur le bien-fondé d’imposer un ouvrage, inaccessible pour la plupart des Français, à un public de jeunes Slovaques ne disposant pas du niveau de langue nécessaire, ni la maturité, pour en saisir toutes les nuances.

A la gare, changement de décor : deux hommes nous accueillent les yeux rougis. Nous nous rendons dans un village qui regroupe une communauté de Hongrois. La grand-mère nous accueille nous accueille à coup de egichigedre, et de larges sourires. Jan m’explique que la menace bohémienne est omniprésente : ils volent des poules, même les chiens pour les manger… Je remarque petit à petit les difficultés que connaît le village.  Beaucoup d’Hommes, 1 sur 3, selon Jan boivent énormément afin d’oublier leurs problèmes, la vie difficile. 1 sur 5 bat sa femme.

 
La communauté Hongroise n’est guère appréciée des Slovaques pour des raisons historiques (la Slovaquie faisait partie de la grande Hongrie jusqu’au traité de Trianon de 1920). Enfin, nous rejoignons Pecho et le reste de la famille, l’église est comble. Le pasteur vêtu de ses habits de cérémonie psalmodie quelques prières, nous nous levons. Je ne comprends évidemment rien. Les hommes, pour la plupart chantent très fort, pas forcément très juste. Toutes les femmes, surtout les plus âgées portent un ensemble similaire : un chapeau noir, des vêtements noirs… Le cercueil est disposé au centre de l’église. Des fauteuils très confortables sont réservés au proche de la famille. La cérémonie touche à sa fin, les fidèles se dirigent comme un seul homme, direction le cimetière. Un trou béant accueille le cercueil, celui-ci est rapidement recouvert de terre par les porteurs. La besogne accomplie, chacun s’éloigne ; nous nous rendons chez l’oncle de Jan.

Là encore l’accueil est exceptionnel, l’alcool coule à flots, les mets servis sont d’une qualité exceptionnelle, viande, salade typique hongroise… Je communique avec des gestes, beaucoup de sourires, de nombreux Hongrois ne parlant même pas slovaque : notre voyage est décidément avant tout humain.

 

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Le jour suivant, j’ai la chance d’accompagner Jan à l’une de ses répétitions, sa spécialité : le trombone… Toute la famille m’accompagne jusqu’à l’arrêt de bus. Le cœur serré, je fais mes adieux à cette famille qui se sera montrée si généreuse à mon égard.

Nous terminons notre séjour à Kosice chez Fanny, une autre lectrice du lycée bilingue. Les soirées sont ponctuées de longues conversations : chacun y va de son anecdote, notamment Virginie, lectrice à l’Université, qui nous narre ses aventures à Rostov, en Russie… Echange de bourlingueurs patentés…

 

Yves Mouillet

yvouche@yahoo.fr

15 February 2006

Banska-Bystrica

18 au 24 février 2006

Nous quittons Bratislava vers 10h30. La neige, comme par hasard, a recommencé à tomber. Vu que notre destination, Banska Bystrica, se trouve dans les montagnes, nous n’aimons guère l’idée de nous balader sur les routes nationales avec une telle météo. Mais nous n’avons plus le choix. Il faut maintenant partir et, Dominique Bisset, la professeur du lycée bilingue français avec qui nous sommes en contact, nous attendra jusqu’à 14h30 au plus tard.

La route est relativement bien dégagée, même si parfois, celle-ci est recouverte de neige. Nous nous tromperons de route, puisque j’avais confondu la ville de Banska Stanilvtca avec celle de Banska Bystrica. Nous nous en apercevons lorsque la route que nous devons emprunter se retrouve être de plus en plus étroite et recouverte de neige. Nous rectifions notre trajet, non sans quelques sueurs froides après cette erreur de quelques centaines de mètres sur route totalement enneigée. A mesure que nous approchons de notre destination, le paysage prend du relief. Les montagnes, recouvertes du voile blanc de l’hiver, sont superbes. C’est un paysage familier en Slovaquie, pays largement recouvert par les montagnes.

 

Enfin nous arrivons à Banska-Bystrica. Il est 13h45 ! On pourrait croire que nous sommes en avance. Mais 45 minutes ce n’est rien lorsque le plus difficile reste à faire : trouver notre école, puis trouver notre professeur. Après de nombreux demi-tours, trois personnes interrogées, nous trouvons un parking de Lidl non loin de l’école que nous cherchons. Puis, pas moins de 25 minutes nous seront nécessaires avant de mettre la main sur notre professeur.

Il est 14h30, juste à temps ! Toute l’équipe de ce lycée en charge de la section bilingue de français est particulièrement attentionnée et prête à faire des concessions vis-à-vis de leur programme pour laisser place à nos interventions. Puis, rapidement, on nous trouve des élèves qui pourront nous offrir l’hospitalité. C’est un accueil royal ! Pour la première fois nous allons être séparés. Yves ira dormir dans la famille de Chila, quant à moi, je serai accueilli chez Marketa.

 

Le lendemain, nous réalisons plus de cinq heures d’intervention d’affilée. Nous répétons notre credo. Pourquoi voyageons-nous ? L’importance de se décentrer de sa propre culture pour mieux comprendre l’autre mais avant tout mieux se comprendre soi-même ; Quel est le sens de notre culture ? De notre identité ? Vous sentez-vous slovaques ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Y a-t-il un danger à ne pas connaître l’autre ? A ne pas se connaître soi-même ? Arrivés là nous réalisons un petit exercice.

Nous les invitons à se lever et à fermer les yeux. Tous doivent compter mentalement une minute puis s’asseoir et ouvrir les yeux. Les premiers vont s’asseoir après 40 secondes, les derniers une minute et 30 secondes, voire quelques fois davantage. Mais la plupart du temps, les premiers qui s’assoient entraînent dans leur sillage tous les autres. Cet exercice nous permet de montrer que, malgré le fait qu’une minute est rationnellement de même valeur pour chacun d’entre nous, personne ne la ressent exactement de la même manière. Nous avons tous un ressenti différent.

La seconde chose, très intéressante, est de constater combien nous sommes influençable. En effet, la majorité d’entre eux, entendant les premiers s’asseoir, s’asseyent à leur tour. Se sentir slovaque n’est-il pas le fruit de ce même réflexe humain ? Nous en aurons un parfait exemple.

Lors de la première intervention du matin, une élève avoue qu’elle se sent « tchécoslovaque »… Elle sera rapidement et énergiquement reprise à l’ordre par l’ensemble de ses camarades. Nous demandons pourquoi ? Personne n’est capable de nous répondre ! Cela fait parti de ces choses si logiques, si naturelles, auxquelles nous n’avons jamais pris la peine de réfléchir. Comme de rediffuser la finale de hockey dans un bar, normal non ? (Voir la note « Prague »).

Savoir qui nous sommes pour savoir qui l’on veut être. Savoir la société dans laquelle nous vivons pour savoir celle que nous souhaitons, celle qui est possible. Nous réfléchissons sur la notion de démocratie, de citoyenneté. Ont-ils un rôle à jouer ? Peuvent-ils en jouer un ? A leur niveau, peuvent-ils être des citoyens actifs ? Est-ce utile ? Que peut-on retirer de l’engagement ? Qu’est-ce qui existe autour de nous pour nous aider à réaliser nos projets ? Notre voyage nous permet d’apporter la preuve que le travail et l’investissement sont payants et que, même si cela peut paraître infime, nous participons, à notre échelle, à la construction de la société à laquelle nous aspirons.

Voilà le grand plus de la démocratie, voilà la chance qui leur est offerte et qu’ils peuvent saisir. Mais ils ne sont pas obligés, ils ont le choix, ils sont, aussi, responsables ! A chaque fin de séance nous montrons notre album photo qui a toujours beaucoup de succès. On y voit des photos de notre association, les « Jeunes Européens France », de nos interventions, de la confection de notre camionnette, de nos familles et de nos villes d’origines, de Paris, de Lyon et de notre voyage.

 

Le jour suivant nous réalisons à nouveau trois interventions et, jusqu’au mardi 24 janvier, nous dormirons, tour à tour, chez Marketa, Kristina, une seconde Kristina qui habitait un superbe petit village à 10 km de Banska Bystrica, puis, enfin, chez Zuzka, dont les parents possèdent un hôtel quatre étoiles.

Nous serons logés gratuitement, pendant deux jours, dans le plus bel appartement… nous aurons même le privilège supplémentaire de réaliser notre baptême de moto-neige avec le père de Zuzka dans les montagnes alentours. Nous n’en demandions pas tant ! Superbes souvenirs ! En étant logés dans ces familles, nous réalisons le « voyage humain » auquel nous aspirons. Banska Bystrica ne se résumera pas à sa très jolie place principale. Des visages, des familles, des discussions, des plats typiques, des rires, des balades, des galères partagées avec notre camionnette et beaucoup d’autres choses encore, voilà ce dont notre boîte à souvenir regorge lorsque nous quittons la ville. Nous nous dirigeons à présent en direction de Kosice, la seconde plus grande ville de Slovaquie, à l’Est du pays. 

 

Michel

michelpierpaoli@yahoo.fr 

13 February 2006

Bratislava

Du Jeudi 12 janvier au mercredi 18 janvier.


 Je m’empare du volant, mais après quelques mètres, un bruit assourdissant retentit : BOUM!!! Notre armoire vient de s’effondrer à l’intérieur de la camionnette : délicieux présage : tout ce rangement qui nous attend....

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Nous arrivons à Bratislava, et nous garons à proximité de la partie historique de la ville. Rapidement nous trouvons l’office de tourisme, nous dirigeons vers un Internet café, et précisons notre rendez-vous pour le lendemain.

Nous passons la soirée dans un pub irlandais. Quel plaisir de lire la presse internationale… J’effectue un tour de medium_PICT0066.JPGtable pour interroger les quelques clients du pub sur notre sujet de prédilection : l’Union européenne… Un homme d’affaire autrichien de 55 ans me dira : les Français sont opportunistes, en plus  ils ont toujours leurs mots à dire… Un Français m’interpelle, il engage la conversation. Celle-ci prend rapidement une tournure existentielle. Ce jeune homme âgé de 35 ans a décidé de consacrer sa vie à l’entreprise. Il ne cache pas son objectif : s’enrichir afin d’acquérir le plus de biens possibles. Toutefois, voyager dans des pays qu’il qualifie de pauvres, lui a permis de constater la pauvreté de son existence qu’il n’est pourtant pas prêt à renier.

 

Le lendemain, nous trouvons l’école sans trop de difficultés. Tout va pour le mieux. Michal, professeur de chimie, responsable de la section bilingue, nous accueille à bras ouverts, nous présente le reste de l’équipe. Nous faisons deux interventions, puis les professeurs nous invitent à manger, et vont même jusqu’à nous offrir la nourriture de leur propre assiette… Michal Fallath a la bonne idée d’interpeller une élève dans le couloir qui nous offre l’hospitalité pour le week-end.

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Celle-ci nous guide jusqu’à la poste. Là, c’est la surprise la plus totale. La poste est bondée, nous devons attendre pas moins de trente minutes, avant d’envoyer une simple lettre. Les jeunes femmes qui travaillent au guichet ne peuvent à la fois accueillir les clients et traiter en même temps tout le courrier… Nous nous dirigeons ensuite vers un bar Internet à la mode. Là encore, la société occidentale est présente dans toute sa splendeur : écran géant, meubles modernes, musique d’ambiance uniforme, quelque soit le pays traversé. Assez de subir ce matraquage musical, o combien déplaisant…

 

La jeune fille qui nous accueille se prénomme Aléna, elle est âgée de 19 ans, ouverte, elle semble ravie de nous accueillir. Elle est vraiment sympathique, mais la désormais routinière présentation devient quelque peu agaçante. Elle nous guidera jusqu’à son village : Most pri Bratislava. Une chambre est déjà prête. Nous effectuons les présentations d’usage...

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Le lendemain, Aléna nous propose de rendre visite à ses grands-parents. Nous acceptons avec joie. C’est en effet l’occasion pour nous d’effectuer un questionnaire auprès de véritables autochtones. D’autant plus une vielle génération. Il apparaît bien vite que les grands-parents n’ont pas véritablement voulu l’indépendance de 1993. Les politiques ont pris cette décision à l’insu du peuple disent-ils… En 1989, certes la fin de la guerre froide annonce de grands changements. Mais eux ne l’ont pas véritablement sentie. Après-midi vraiment fructueuse, nous constatons l’efficacité de l’endoctrinement communiste. Les gens ne font pas preuve d’un esprit critique aiguisé, et continuent à vivre sans réelles compréhensions des bouleversements qu’ils vivent pourtant. Loin de montrer de la satisfaction de s’être libérés du joug communiste,  ils expriment bien d’avantage leur peur face à un avenir incertain.

 

medium_PICT0001.JPGLe lendemain, nous avons la chance de déguster quelques spécialités slovaques : le plat national : le Bryndzove Halusky, sorte de quenelles de pommes de terre ainsi que la Kapustnica, une soupe épaisse au chou et à la saucisse fumée à laquelle on peut ajouter des champignons. Aléna nous affirme en souriant, que dans le village, l’un de ses voisins s’est fait assassiner par la mafia slovaque… Voilà qui est rassurant…

Nous interrogeons ses autres grands-parents, la télévision restera allumée tout au long de notre entrevue. Nous verrons de vieilles séries américaines qui ont infesté l’Europe : Santa Barbara, Dallas… Même des séries françaises : Julie Lescaut, Navarro… Puis le bouquet final : un simili western français avec des actrices de renom telles que Claudia Cardinal, Brigitte Bardot… Eh oui, la tyrannie du plaisir continue, la virilité habituelle des westerns laisse place à un érotisme de seconde zone. Autant de Topless habillées en cow-girl désarmant, à coup d’exhibitionnisme, « les gâchettes les plus chevronnées » ; ce spectacle se passe de commentaires!!! Quelques alcools nationaux nous sont servis pendant l’interview, la Slivovica : une eau de vie à la prune, ainsi que la borovicka, une boisson aux baies de Genièvre, auxquelles nous ne manquons pas de faire honneur, le plus souvent malgré nous…

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La Slovaquie est un pays plus jeune que la république Tchèque, leur premier combat a été celui de la validité de leur langue. D’autant plus qu’ils ont toujours été occupés par quelqu’un… L’engouement du grand-père est vraiment touchant, celui-ci nous joue ses souvenirs avec beaucoup d’entrain et de fierté… Le petit ami de la maman d’Aléna nous dira avec une pointe d’humour : "Avec toute cette bureaucratie franco-française, heureusement qu’un petit pays rural est entré au sein de l’Union Européenne, il pourra la désengluer voire la sauver…"

 

Le jour suivant nous avons rendez-vous avec le premier conseiller de l’ambassadeur. Nous pénétrons dans l’enceinte de l’ambassade, présentons nos passeports. M. Rouard nous écoutera avec beaucoup d’attention, puis nous présentera à l’attaché de coopération linguistique M. Rimbert. Mission accomplie : nous avons réussi à obtenir divers contacts, à travers l’Europe, ainsi qu’une attestation rédigée de la main du premier conseiller.

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Après avoir englouti notre repas, nous répartissons nos tâches. Je cherche la maison de l’Europe, ainsi que les journalistes. Michel, quant à lui ira à l’université. Je goûte aux joies de l’escapade citadine, visite la Tour Saint-Michel, le Palais Primatiale, le Théâtre National Slovaque… Je me dirige ensuite vers le bar Internet. Je ressasse les raisons qui nous ont poussés à faire ce voyage. Je me souviens des ouvrages que je lisais durant mon enfance, notamment les conquérants de l’impossible de Philippe Ebly. De façon machinale j’écris le nom de cet auteur qui nous avait marqués un ami d’enfance et moi-même. Je lis avec enthousiasme les résumés de la plupart de ses ouvrages : Destination Uruapan, Le naufragé des étoiles… Un flot d’émotions m’envahit. Quel bonheur !!! Mon enfance ressurgit, ces espaces oubliés, ce temps retrouvé valent toutes les virtualités possibles, avec cependant une émotion bien réelle…


 

Les enseignants nous ayant proposé de nous restaurer en leur compagnie le jour suivant, nous attendons patiemment dans la salle des professeurs... Après une demi-heure d’attente, nous commençons à nous poser des questions : qu’en est-il de ce repas ? Finalement, l’un d’entre eux nous emmène manger en quatrième vitesse, les élèves ne disposant que d’une pause de 15 minutes pour se restaurer !!!

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C’est donc le cœur léger mais le ventre lourd que nous effectuerons ces interventions… Les élèves nous feront diverses remarques : c’est bien vous tentez de nous ouvrir les yeux sur certains sujets clés… L’un d’eux, lorsque nous leur demandons s’ils connaissent la devise européenne, s’exclamera en riant : Vive la Slovaquie ! Selon eux l’Europe est un beau projet, mais demande tellement de travail et d’investissement…

Vers la fin de l’intervention, une jeune journaliste, accompagnée d’un photographe nous interviewe. Michel termine l’intervention seul pendant que je m’entretiens en espagnol avec la journaliste… Celle-ci me fait visiter le journal dans lequel elle travaille : le SME. J’observe avec intérêt les journalistes en train de s’affairer... Je discute ça et là, puis prends congé… Je me dirige ensuite, frigorifié vers une cabine téléphonique pour contacter le Gymnasium de Banska Bistryca. Je parviens à contacter Elena Sasinkova, responsable de la section bilingue. Nous convenons d’un rendez-vous pour le lendemain.

 

Yves Mouillet.

yvouche@yahoo.fr

  

08 February 2006

République Tchèque, Prague

Séjour: 2 - 12 janvier 2006

 

Nous sommes restés 8 jours à Prague. Ayant passé plus de deux semaines en compagnie de Tchèques et de Polonais, nous aspirons à une petite pause. Avoir du temps pour travailler, relater nos expériences, s’occuper de notre paperasserie administrative, envoyer nos mails aux écoles et différents contacts, lire et se reposer.

medium_PICT0059.JPGNous arrivons de nuit dans la capitale tchèque, ce qui ne facilite pas notre galère habituelle, celle de trouver une place bien située pour notre camionnette, pas trop loin du centre ville et, avant tout, non payante. Nous trouverons, non sans mal, notre bonheur dans une zone résidentielle. Yves va rester dans la voiture car il est affaibli depuis hier.

Je partirais à la découverte du quartier et à la recherche d’un « bankomat ». Il fait froid. Je trouve un distributeur, le « bankomat », retire de l’argent, puis cherche un bar oú pouvoir commencer à travailler. Il s’agit de trouver celui qui ferme le plus tard possible. Je me décide pour l’un d’entre eux. Excellente surprise lorsque la serveuse, qui parle anglais, me répond que je viens d’atterrir dans un « non-stop bar », c'est-à-dire, ouvert 24h sur 24h. Parfait ! Deux personnes seulement dans la salle. Pas de quoi être dérangé ! Sauf, bien sûr, par la musique beaucoup trop forte ! Mais je possède contre la pollution sonore ce qui est à mes yeux l’une des plus utiles invention de l’être humain, des boules quies ! Je ne sors jamais sans elles et ce soir, une fois de plus, elles vont me sauvegarder du bruit et de la fureur.

A la télé retransmission d’un match de hockey, le sport national. Je pense immédiatement à notre ami Jan de Olomouc qui nous avait raconté une petite anecdote interculturelle amusante. Il a séjourné six mois en France medium_PICT0078.JPGlors d’un échange Erasmus (programme de l’Union européenne qui permet de réaliser une partie de ses études à l’étranger). Alors que se déroulait la finale d’un championnat de hockey de première importance et que ses amis tchèques, restés au pays, le tenaient en haleine par SMS, Jan a passé toute son après-midi à chercher un bar qui retransmettait ce match capital. Sans succès ! Il nous a avoué son désarroi et son incompréhension totale face á un tel non sens. Comment est-il possible qu’aucun bar ne diffuse la grande finale de ce match de hockey ? La réponse est simple : en France, pour être tout à fait franc, on se fiche pas mal du hockey, même si nous n’avons rien contre. Si Jan est un fan de hockey c’est davantage du fait de sa nationalité tchèque que du fait qu’il est normal d’être un fan de hockey. Voilà une bonne expérience interculturelle que nous reprendrons lors de nos interventions devant les jeunes tchèques et les jeunes Slovaques.  

Après deux jours de travail dans les bars « non-stop », j’irai, le premier, m’aventurer dans le centre ville qui se trouve à une demi heure à pied de notre camionnette. Je n’y resterai pas longtemps. D’abord impressionné par la beauté de l’architecture, je ressens rapidement une impression étrange à mesure que le flux de touristes se fait plus important.

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En plein centre, sur la superbe place principale, le beau se transforme en faux. La masse des touristes transforme le contexte en un immense parc d’attraction. Prague ou Disneyland ? J’emprunte rapidement la rue qui mène au pont Charles, rue que l’on pourrait intitulée la « touristika via », avec son flux ininterrompu de touristes et ses magasins de souvenirs dont je n’ai même pas besoin de faire la description. Je jette un coup d’œil au pont et je me sauve au plus vite.

Je trouve un « Point information service » où je me renseigne sur la localisation de la bibliothèque nationale, des lycées bilingues et des Internet cafés. Nous n’avons besoin de rien d’autre. Je retourne à notre camionnette et je finirai la soirée avec Yves, qui commence à récupérer ses forces, dans un non-stop bar. En fait, toute la rue où nous nous trouvons est une sorte de « non-stop street ». C’est la rue Konévova située dans le quartier de Zizkov - Praha 3. Petites supérettes « non-stop », « bazar-non-stop », et les « Herna-bar non-stop » (Herna signifie machine à sous).

Au bout de six jours passés dans notre camionnette et dans les « Herna-bar non-stop », agrémentés de quelquesmedium_PICT0026.JPG petits tours au centre ville, nous réussissons enfin à obtenir un rendez-vous avec une jeune journaliste tchèque que nous avions rencontrée à Bruxelles. Fort sympathique, elle nous offre l’hospitalité. Nous ne nous faisons pas prier. Les retrouvailles avec la douche seront particulièrement touchantes ! Nous passerons de bons moments en compagnie de Katerina, 28 ans, qui travaille à la radio locale et de sa colocataire, Héléna, 27 ans, qui parle un très bon français à l’accent suisse, après avoir passé trois ans à Genève. Nous pourrons continuer notre travail, recharger notre batterie à décharge lente et visiter le quartier de « Praha 2 », notamment l’atypique « tour de Prague ». Avec ses 217 mètres de hauteur et son architecture toute droite sortie d’un film de science fiction, on peut s’imaginer l’espace d’un instant avoir atterri sur la planète Mars.

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Enfin, grâce à Valérie Hamelin, la lectrice de Olomouc, qui a prévenu ses collègues de Prague, nous réaliserons quatre interventions dans le célèbre lycée Jana Nerudy. La professeur qui nous a reçue fut particulièrement chaleureuse et nous serons même invités par certains jeunes à prolonger la discussion autour d’un verre dans un pub du coin. Excellent souvenir !

Malheureusement notre séjour en République tchèque finira sur une mauvaise note. Nous avons passé cinq nuits chez les deux journalistes, mais nous avons toujours mangé notre propre nourriture et même offert plusieurs repas à nos hôtes. Malgré cela nous trouverons le matin de notre départ, une note nous réclamant 20 euros pour l’électricité, ce qui équivaut, en France, à réclamer 50 euros !!! Décidément, quelle hospitalité pour deux jeunes femmes célibataires qui gagnent plutôt bien leur vie. Et puis demander de la sorte, le dernier jour, sur un bout de papier, quelques heures avant notre départ, de notre vie nous n’avions jamais vécu un tel précédent !

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Nous déciderons donc de ne pas attendre Katerina qui devait rentrer à midi et nous partons, déçus de ce que nous interpréterons comme une radinerie excessive doublée d’une hypocrisie certaine. Lorsqu’on connaît les origines sociales de nos hôtes, notamment l’une d’entre elles dont l’oncle est le chef d’un parti politique qui va sans doute lui permettre de devenir le futur président de Slovaquie, on se dit que l’adage selon lequel « ce sont ceux qui en ont le moins qui donnent le plus » ne doit pas être totalement infondé ! Dommage ! Même si nous savons que tout ne peut être toujours parfait, nous n’aimons vraiment pas ce type de situation. Mais n’y pensons plus ! Nous nous dirigeons à présent vers Bratislava, la capitale de la Slovaquie, distante de plus de 400 km.

 

Michel

michelpierpaoli@yahoo.fr